Le responsable du service d'ordre de Mélenchon est philosophe et ceinture noire de karaté.
Décidémment, Jean-Luc Mélenchon ne fait rien comme les autres. Le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle préfère les cervelles aux gros bras.
Benoît Schneckenburger, responsable du service d’ordre de Jean-Luc Mélenchon, possède en effet un curriculum vitae bien particulier. Ceinture noire de karaté, cet homme de 40 ans, lunettes carrées et front dégarni, est également agrégé de philosophie. Une matière qu’il enseigne au lycée Turgot à Paris et à l’université Paris 8.
Deux spécialités relativement opposées qui détonnent dans le milieu de la politique. Benoît Schneckenburger en a conscience et l'assume. "Etre au service d'ordre est un acte militant qui me semble important et dans la tradition du mouvement ouvrier, social, ce sont les militants qui le font, donc il n'y a pas de raison que ce ne soit pas moi", a-t-il expliqué sur Europe 1 jeudi soir.
Chemins parallèles
Véritable épicurien, Benoît Schneckenburger a rencontré Jean-Luc Mélenchon bien avant qu'il ne devienne prof de philo, en 1999. C'était en 1990 dans un contexte bien différent. A l'époque, Mélenchon est encore au Parti socialiste, où Benoît Schneckehnburger milite.
Un soir, le futur coprésident du Front de gauche croise des jeunes militants qui collent des affiches. Benoît Scheckenburger en fait partie. "Alors c'est vous qui collez des affiches ? La semaine prochaine, vous écrirez des tracts", lance Jean-Luc Mélenchon.
Très vite, le jeune militant adhère. "Il met en œuvre dans son parti un projet d'éducation populaire. Tous les militants du Front de gauche essaient non seulement d'avoir des arguments, mais surtout de les travailler, d'y réfléchir. C'est ce qui m'a fasciné dès que je l'ai rencontré. Il discute avec le moindre militant qu'il rencontre. Et pour lui, il doit être capable d'argumenter et de tenir tête à celui qui est en face", a ajouté l'auteur de deux livres sur la philosophie et la politique, encore plein d'admiration.
Mélenchon admiratif
Passé par le PS donc, il a également garni un temps les rangs de SOS racisme, une époque durant laquelle il fit plus appel à ses bras qu'à sa tête pour se castagner avec les militants FN.
Un parcours intrigant, similaire en certains points à celui de Jean-Luc Mélenchon. Lequel confie à son tour son admiration pour son gorille en chef. "C'est drôle quand même. Je ne sais pas comment il a fait pour mener tout ça de front", a-t-il expliqué à Rue89.
Visiblement emballé, Mélenchon le stoïcien, réputé inflexible, a un peu courbé l'échine face à Benoît Schneckenburger l'épicurien. La voix de la sagesse ?