Le PS n’est pas "anti-entreprise", qu’on se le dise. Le préjugé colle pourtant aux basques du parti à la rose depuis bien longtemps, et un élu local a choisi de dire stop. Mercredi dernier, on apprenait en effet dans Libération que Laurent Grandguillaume a décidé de créer avec des parlementaires un "groupe de réflexion" sur les rapports présumés compliqués entre la gauche et le monde de l’entreprise.
Contacté par Europe1.fr, le député socialiste de Côte-d'Or est revenu sur la genèse de cette idée, qui lui est venue "en regardant les débats qui se tiennent actuellement sur la question de la fiscalité et de la compétitivité." Pour justifier son action, l’élu pointe, au sein de son parti, l’existence d’une "vraie dichotomie entre les élus locaux, qui travaillent au quotidien avec les chefs d’entreprise et ont une bonne image auprès d’eux, et nos représentants nationaux qui, eux, sont mal vus."
"Beaucoup de mails de chefs d’entreprises intéressés"
Le constat est partagé par Alexis Poulin, un chef d’entreprise qui a d’ores et déjà pris contact avec Laurent Grandguillaume pour intégrer son groupe de réflexion. "C’est le problème de la centralisation et de ces élites dirigeantes coupées des réalités du terrain, avec un ministre qui manie surtout des concepts, là où les élus locaux trouvent des solutions concrètes", décrypte-t-il pour Europe1.fr.
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Fort de cette certitude que seuls les élus de terrain pourront insuffler un nouveau souffle aux relations entre le patronat et le PS, Laurent Grandguillaume a sollicité le bureau national du parti et deux élus se sont déjà montrés intéressés : Thierry Mandon, député de l'Essonne, et Matthias Fekl, élu dans le Lot-et-Garonne. "On va faire un point tous les trois cette semaine. J’ai également reçu beaucoup de mails de chefs d’entreprises qui sont intéressés par mon idée", assure-t-il. Un petit déjeuner entre élus et patrons est prévu dans les prochains jours.
"Il nous faut lever les incompréhensions"
De quoi parleront-ils autour d’un café ? "Ils réclament un travail de fond de notre part, ils attendent beaucoup de la gauche. Il nous faut lever les incompréhensions, nées notamment de la question des plus-values sur les cessions", croit savoir Laurent Grandguillaume. Et ce n’est pas Alexis Poulin qui le contredira : "Ce serait bien d’avoir une direction globale sur cinq ans car là, cela devient délicat pour nous de gérer au quotidien sans savoir de quoi demain sera fait. Pour le moment, on nous dit ‘tout le monde doit participer à l’effort de guerre’. Mais qui? Combien? Comment? C’est vague…"
"Mettre fin aux idées reçues", "écouter tout le monde sans idéologie", voilà donc le menu des discussions. S’il précise ne pas avoir eu de contact avec Pierre Moscovici - et ne pas avoir été poussé par Harlem Désir -, Laurent Grandguillaume ajoute qu’il ira "bien sûr voir le ministre de économie quand [il aura] des propositions concrètes à lui faire."