Les députés ont adopté dans la nuit de lundi à mardi le volet français du plan de soutien à la Grèce, qui prévoit jusqu'à 16,8 milliards d'euros de prêts sur trois ans pour sauver Athènes de la faillite. Fait rare, l'UMP et le PS ont voté ensemble en faveur de ce prêt. Seuls les députés PCF et Parti de gauche, ainsi que Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République, ex-UMP), ont voté contre. Le texte part maintenant en navette au Sénat pour une adoption définitive en fin de semaine.
La contribution de la France représente 20,7% de l'aide totale annoncée par les pays de la zone euro (80 milliards d'euros, en plus des 30 milliards du FMI). Il s'agit de sa quote-part dans la Banque centrale européenne (BCE).
Dans son intervention à l'Assemblée, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a dit qu'elle serait "extrêmement vigilante" quant à l'application des mesures d'austérité prises par le gouvernement grec en contrepartie du plan d'aide conclu dimanche à Bruxelles : suppression des treizième et quatorzième mois dans la Fonction publique, hausse de la TVA, recul du départ de l'âge à la retraite...
Taux élevés
La gauche a protesté contre le taux d'intérêt des prêts, fixé à 5% alors que Paris et Berlin, en particulier, empruntent sur les marchés à des taux bien inférieurs. Ce point ayant été fixé entre les pays européens, le Parlement ne peut le modifier. Christine Lagarde a opposé une fin de non recevoir à la demande du groupe socialiste qui souhaitait que la France et l'Allemagne prêtent dans des conditions plus favorables.
Les exigences imposées aux Grecs ont suscité l'ire des députés communistes, qui ont voté contre un plan qu'ils jugent inéquitable. Il ne s'agit pas de sauver la Grèce, a dit Jean-Pierre Brard, mais de "sauver les créanciers de la Grèce sans qu'ils aient à financer les produits de leurs propres turpitudes". Le porte-parole du PS Benoît Hamon déclaré que son parti votait "l'aide à la Grèce mais pas le plan d'austérité" imposé aux Grecs. "En soutenant la Grèce, nous nous soutenons nous-mêmes. Parce que si la Grèce fait faillite, ça a des répercussions très négatives aussi sur la France", a expliqué Laurent Fabius sur Europe 1 mardi.