L'occasion était trop belle pour le PS, soucieux depuis longtemps de se débarrasser de Jean-Noël Guérini. Pas assez impliqué dans la campagne des municipales à Marseille, voire soutien implicite du candidat de droite, le très sulfureux et tout-puissant président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, impliqué dans plusieurs affaires judiciaires, est désormais proche de l'exclusion. Le Parti socialiste a officiellement lancé mardi la procédure.
Ce qui lui est officiellement reproché. Le PS reproche à Jean-Noël Guérini d'avoir annoncé qu'il apportait son "soutien plein et entier à Lisette Narducci", ex-PS et tête de liste PRG dans le 2e secteur de Marseille, face au candidat PS Eugène Caselli, président de la communauté urbaine. Le sénateur a aussi annoncé qu'il serait de nouveau candidat aux élections sénatoriales en 2015 à la tête d'une "liste autonome", tout en affirmant avoir payé fin décembre sa cotisation d'adhérent au PS.
"Ses déclarations récentes, ces dissidences annoncées et le non-respect des décisions collectives portent atteinte aux principes et aux valeurs du PS", a estimé Harlem Désir, le patron du PS.
"Il était temps". A Marseille, parmi les militants socialistes, c’est le soulagement qui l’emporte. "Il était temps", glisse ainsi l’un d’eux à Europe 1. Car cela fait de longues semaines maintenant que Jean- Noël Guérini œuvre dans l’ombre pour faire battre Patrick Mennucci, le candidat PS. Il a échoué lors des primaires d’octobre 2013, au cours de laquelle il soutenait sa protégée, Samia Ghali, finalement battue. Et désormais, il laisse planer le doute. Même quand on l’interroge sur sa préférence entre le candidat socialiste et l’UMP Jean-Claude Gaudin, il ne cache pas ses hésitations. "Tout dépendra des programmes", répond-il.
"Ça suffit maintenant !" Face à cette attitude, Solferino se devait d’agir, jugent les militants socialistes. "Ça suffit maintenant ! Et même, ça aurait dû être fait beaucoup plus tôt", affirme l’un d’eux. "Vu son rapprochement avec Jean-Claude Gaudin sur la campagne, moi je ne suis plus sûr que Jean-Noël Guérini soit de gauche. Je ne sais plus ce qu’il est, je ne sais plus où il est. Et des fois il fait du mal", déplore-t-il.
Le "risque" de la division. Du mal quand il soutient par exemple ouvertement la candidate radicale de gauche Lisette Narducci dans le 2e secteur face au socialiste Eugène Caselli. Du mal encore, quand il oeuvre dans l’ombre pour la constitution d’une nouvelle liste de gauche à Marseille, dont le candidat serait le professeur de gériatrie Jacques Soubeyrand. Du mal enfin, quand il fait du pied au maire sortant Jean-Claude Gaudin, en fonction depuis 1995. "C’est la division, le risque. Oui, c’est un risque", s’inquiète une militante socialiste. "C’est un peu étonnant, juste maintenant, à un mois et demi des municipales", s’interroge-telle.
Mennucci reste serein. Du côté de Patrick Mennucci, principal artisan de l’exclusion de Jean-Noël Guérini, on affirme ne pas craindre son pouvoir de nuisance. "Jean-Noël Guérini n’en aura pas la force. Aujourd’hui, son système est par terre", affirme le candidat socialiste. "Il va continuer à descendre et nous changerons les choses à Marseille en éliminant, y compris ce clientélisme." Le Parti socialiste veut donc afficher sa confiance pour parvenir enfin à tourner la page des années Guérini. Notamment en affichant sa nouvelle alliance avec les écologistes dès le premier tour.
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