Tous azimuts, face à l'ampleur de la catastrophe industrielle, l’exécutif se mobilise autour de PSA Peugeot Citroën qui a annoncé la suppression de 8.000 emplois en France et la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois. François Hollande a fait part jeudi, dès l'annonce du plan social, de son "extrême préoccupation" et a demandé au gouvernement de "tout mettre œuvre" pour en limiter les "conséquences sociales", a fait savoir l'Elysée. "Dès l'annonce du plan PSA ce matin, le président de la République s'est entretenu avec le Premier ministre et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg", a-t-on appris dans l'entourage du chef de l'Etat.
Les réactions gouvernementales n'ont ensuite pas tardé. Arnaud Montebourg a prévenu qu'il n'acceptait "pas en l'état le plan" du constructeur. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a demandé à la direction de PSA d'engager "sans délai une concertation". Le ministre de l’Économie Pierre Moscovoci s'est dit "extrêmement préoccupé." Et la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a indiqué sur Europe 1 qu'un expert allait examiner la situation du groupe français jusqu'à la fin du mois.
Mener une "concertation exemplaire, loyale et responsable"
Dans le détail, le Premier ministre a demandé à la direction de PSA d'engager "sans délai" une "concertation exemplaire, loyale et responsable". Jean-Marc Ayrault demande notamment que toutes les alternatives puissent être étudiées et discutées, avec comme objectifs premiers "la préservation durable de l'emploi et "le maintien d'une activité industrielle sur tous les sites français".
Jean-Marc Ayrault a en outre annoncé que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, présenterait le 25 juillet en Conseil des ministres un "plan de soutien" à la filière automobile.
"Je suis extrêmement préoccupé par cette situation, il faut que cette situation soit traitée, qu'elle soit traitée à fond, dans la concertation, a quant à lui insisté Pierre Moscovici. Il est important que personne ne soit laissé sur le carreau, qu'une solution soit trouvée à chacun, pour chaque site, voilà ce que je souhaite." Pour le ministre, réélu lors des dernières législatives à Montbéliard (Doubs), berceau du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën, "il faut donner des réponses structurelles à la fois à la situation de cette entreprise et à la situation de la filière toute entière car derrière les constructeurs, il y a les sous-traitants, dont le sort est étroitement lié à PSA".
"C'est une onde de choc"
"On ne peut pas accepter quelque chose comme ça. C'est une onde de choc", a simplement déclaré Marisol Touraine sur Europe 1. "L'industrie automobile a longtemps été un des fleurons de notre économie. Mais ça n'est manifestement plus le cas", a-t-elle ajouté. La ministre de la Santé a rappelé au passage que PSA avait "perçu 4 milliards d'euro d'aides de l'Etat au cours des années passées". Selon elle, il s'agit d'un "investissement du gouvernement, c'est-à-dire de la collectivité". Le gouvernement doit donc mener une évaluation : "c'est de l'argent qui a été versé sans contrepartie, ce qui n'est pas acceptable", a-t-elle estimé.
"L'Etat n'est pas actionnaire mais doit jouer pleinement son rôle. Il ne peut pas être défaillant comme il l'a été dans le passé. Il a un cap à donner et imposer des règles en direction des salariés", a encore estimé la ministre. Le gouvernement a donc décidé "de mener une étude extrêmement rapide avec les organisations syndicales, pour savoir ce qu'est la situation à Peugeot et prendre les décisions appropriées. L'Etat va regarder comment a été menée la stratégie de l'entreprise et ce qui doit être exigé dans l’intérêt des salariés", a annoncé Marisol Touraine. Cette étude durera 15 jours, "pour voir où on en est et ce qu'on peut faire". Mais pour l'instant les moyens de pression que le gouvernement pourrait faire jouer sur le groupe privé n'ont pas été précisés.
Les marchés accusent le coup
La Première secrétaire du PS, Martine Aubry, a elle jugé "inacceptable" jeudi le plan de restructuration du groupe automobile PSA, et s'est "réjouie que le gouvernement" refuse cette "catastrophe". Pour elle, "il y a un avenir pour l'industrie automobile en France", et cela "suppose d'investir dans les véhicules, les motorisations, les matériaux innovants; de mettre en place des partenariats durables entre constructeurs, équipementiers et fournisseurs de la sous-traitance" et "d'assortir tout soutien de la puissance publique au respect effectif de ses engagements par les constructeurs".
Les marchés ont un peu moins bien réagi aux déclarations du gouvernement. Le titre du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën passait sous les 7 euros jeudi en fin de séance, atteignant son plus bas historique depuis 1989. Le titre a commencé à perdre du terrain quand le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affirmé que le gouvernement "n'accepte pas" le plan de restructuration présenté par le groupe automobile PSA Peugeot Citroën.
"Le fait que le gouvernement s'oppose à ce plan est mauvais signe. Le groupe aura à payer de très fortes indemnités, plus que prévu vraisemblablement, et cela créé une très forte incertitude, incitant les investisseurs à se délester de leurs titres PSA", a expliqué Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.