L’un est aux Etats-Unis, l’autre en France. Mais cela n’a pas empêché Pierre Gattaz et Jean-Marc Ayrault de dialoguer lundi et mardi, par médias interposés. Car le Premier ministre n’a pas franchement apprécié que le président du Medef semble s’affranchir d’éventuelles contreparties au pacte de responsabilité exigé par François Hollande de la part des entreprises.
La fronde de Pierre Gattaz. Pierre Gattaz est aux Etats-Unis parce qu'il fait partie de la délégation économique qui accompagne le chef de l’Etat aux Etats-Unis. Un invité qui n'a pas sa langue dans sa poche. Pierre Gattaz a laissé entendre lundi soir, face aux journalistes, qui ne voulait plus entendre parler des fameuses contreparties pourtant réclamées par le chef de l'Etat. "Quand j'entends parler de contrepartie dans ce pacte, j'entends aussi des gens qui me disent : 'on va vous contraindre, on va vous obliger, on va vous mettre des pénalités, si vous ne le faites pas vous allez être punis...' Il faut arrêter ce discours qui est insupportable. On n'est pas dans une cour d'école, ça suffit", a lancé le président du Medef. "Maintenant, j'attends du gouvernement qu'il me précise en mars prochain la trajectoire de baisse de la fiscalité sur les entreprises."
Le recadrage sévère d'Ayrault. Une exigence qui n’a pas vraiment été du goût de Jean-Marc Ayrault. "Je souhaite que M. Gattaz, quand il sera revenu en France, rencontre le plus vite possible les organisations syndicales, comme c’était prévu. Pour engager le dialogue social, sur le pacte, c’est très attendu", a rappelé, face aux journalistes, le Premier ministre, avant de lancer, grinçant : "donc je pense que le décalage horaire, parfois, peut poser des problèmes."
Le recadrage sévère d'Ayrault (bis). Auparavant, le Premier ministre avait déjà réagi devant les députés PS. Jean-Marc Ayrault a déclaré que "le dialogue social ne peut pas reposer sur des oukases", a rapporté à l'issue de la réunion la députée de Paris Annick Lepetit, lors d'un point de presse. "La tradition républicaine veut qu'on ne critique pas à l'étranger la politique de son pays, a fortiori quand on est invité du président de la République", a lancé pour sa part Annick Lepetit. "Sur le fond, nous rappelons à Pierre Gattaz qu'il s'agit d'un pacte de responsabilité et non d'irresponsabilité", a-t-elle ajouté. Interrogée sur les motivations du patron des patrons, Annick Lepetit a lâché :"Il faudra lui demander à son retour, si le président de la République ne l'oublie pas là-bas."
"Nous rappelons aussi à Pierre Gattaz que c'est lui qui arbore à sa boutonnière depuis plusieurs mois un pin's promettant un million d'emploi. Tenir sa parole ne concerne pas que les hommes politiques, cela engage aussi le patronat. Il serait mieux que le président du Medef apprenne la constance et arrête la danse de Saint-Guy", a-t-elle poursuivi.
PAROLES DE CAMARADES - Au PS, un pacte qui passe mal