Pour Dominique Paillé, son éviction de l’Office français de l’immigration et de l’intégration est sans doute" motivée par son engagement auprès de Jean-Louis Borloo. Et d’invoquer, dans un communiqué jeudi, sa " liberté de ton sur les questions d'immigration et l'expression parfois critique de certains désaccords avec le gouvernement". Un ton diplomatique, après plusieurs mois de tensions.
Dominique Paillé n'est resté au final que huit mois à la tête de l'Office de l'immigration, chargé à la fois du retour et de l’intégration des migrants. Il y avait été nommé en janvier, suite à une première éviction : celle du poste de porte-parole de l’UMP. Comment l’ex-acolyte de Frédéric Lefebvre, voix officielle de l’UMP, est-il devenu la bête noire du parti présidentiel ? Retour sur un éloignement progressif.
"Pas d'atomes crochus" avec Copé
Tout commence lorsque Jean-François Copé devient secrétaire général de l’UMP, en novembre 2010. Dominique Paillé avoue au Journal du Dimanche "ne pas avoir d’atomes crochus" avec lui. Il est alors bien vite débarqué du porte-parolat du parti, et "recasé" à la présidence de l’Ofii.
Ce qui lui laisse un peu plus le champ libre. Au lendemain de la gifle électorale de l’UMP aux cantonales, Dominique Paillé proclame, sur Europe 1 : "l’UMP doit changer de stratégie". "Nous sommes à l'UMP un certain nombre, notamment ceux qui appartiennent à la famille radicale et centriste, à avoir tiré la sonnette d'alarme. La politique de droitisation menée par le parti et la majorité ne correspond pas aux aspirations de nos concitoyens", tacle-t-il.
L'UMP "court après" le FN
Pire, il refuse d’aller au débat sur la laïcité organisé par l’UMP en avril dernier. Encore une fois, il apparaît mal à l’aise avec la position du parti présidentiel sur l’immigration : "il est urgent que nous tournions la page à l'UMP de ce type de situation. Plus tôt nous aurons fini avec ce type de discussions qui sont très éloignées des préoccupations de nos concitoyens, le mieux ce sera", déclare-t-il alors sur LCI.
Dominique Paillé n’en finit pas de dénoncer, à coup de tweets et de communiqués publiés sur son compte Facebook, le "durcissement" et la "droitisation" de l’UMP sur les thématiques de l’immigration. "Pour les humanistes que nous sommes, a-t-il assuré, c'est quelque chose d'assez insupportable que de constater que l'on court après les thématiques que s'est arrogées le Front National", affirme-t-il dans Le Parisien du 19 avril.
Devenu par la suite porte-parole de Jean-Louis Borloo en vue de 2012, Dominique Paillé se lâche de plus en plus. Comme le montrent notamment ses deux tweets, du 12 et 13 juillet derniers : "J'ai l'impression que les moins favorisés n'intéressent pas l'UMP", et "L' #UMP se rétrécit et s'apparente de plus en plus à une annexe ultralibérale de Génération France".
Une liberté de ton sanctionnée par Nicolas Sarkozy, à quelques mois de la présidentielle. Selon France Inter, c’est Arno Klarsfeld, très proche du chef de l’Etat, qui devrait prendre la place de Dominique Paillé.