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Anne Hidalgo maire de la Ville lumière, voilà qui n’allait pas forcément de soi il y a quelques années. Car la nouvelle femme forte de Paris est d’abord une travailleuse de l’ombre. Celle des ministres d’abord, pour qui elle oeuvra des années durant dans les cabinets, celle de Bertrand Delanoë, ensuite, dont elle fut une indéfectible et fidèle première adjointe pendant ses 13 ans de mandat. Et c’est patiemment, discrètement, et surtout habilement qu’elle oeuvra, dans l’ombre évidemment, pour devenir l’incontestable héritière du désormais ex-maire de Paris.
>>> AVANT LA POLITIQUE
Sa réussite, Anne Hidalgo ne la doit pas à sa naissance. La petite Ana a vu le jour dans l’extrême sud de l’Espagne, à San Fernando, le 19 juin 1959. C’est pour fuir autant la misère que le franquisme que sa famille déménage à Lyon en 1961. Celle qui est alors rebaptisée Anne grandit donc à Vaise, dans un quartier populaire de la cité des Gones. Elève brillante, mais discrète, voire "effacée", selon le terme qu’elle emploie auprès de Libération en 2012, l’adolescente puis l’étudiante rêve déjà de Paris, sa "ville fantasme". Son admission au concours de l’Inspection du travail, en 1982, aboutit à une nomination deux ans plus tard dans le Val-de-Marne. Anne Hidalgo peut enfin monter à la capitale.
La future maire de Paris est encore loin de la politique. Elle s’installe dans le très droitier 15e arrondissement de Paris, qu’elle ne quittera jamais, malgré de nombreux revers électoraux. C’est là qu’elle aura ses deux premiers enfants d’un premier mariage, elle qui est depuis 2004 remariée au député Jean-Marc Germain. En 1993, elle approche une première fois le pouvoir en intégrant la délégation à la formation professionnelle au ministère du Travail. L’année suivante, elle adhère au Parti socialiste. Et c’est à partir de 1997 qu’elle intègre des cabinets, jusqu’en 2002. Elle travaille d’abord avec Martine Aubry, ministre de l’Emploi, puis avec Nicole Péry, secrétaire d’Etat aux droits des femmes, enfin avec Marylise Lebranchu, ministre de la Justice. Et désormais, c’est la carrière politique qu’elle souhaite embrasser.
>>> DANS L’OMBRE DE DELANOË
Anne Hidalgo la discrète va alors forcer sa nature pour se faire une place. En 1999, elle rencontre à sa demande Bertrand Delanoë. Ils ne se quitteront plus. Prenant fait et cause pour l’outsider de Jack Lang dans la course à l’investiture socialiste à la mairie de Paris, elle bataille pour se voir octroyer la tête de liste dans l’imprenable 15e arrondissement. Soutenue notamment par Martine Aubry, elle obtient gain de cause et gagne son siège au Conseil de Paris.
Là, son profil atypique en fait la première adjointe idéale. Bertrand Delanoë souhaite nommer une femme, au nom de la parité, et le fait qu’Anne Hidalgo soit issue de l’immigration ne gâche rien, au niveau des symboles. Le maire de Paris souhaite aussi, et c’est moins glorieux, une personnalité qui sache rester à sa place, qui n’aurait pas les dents plus longues que nécessaire. D’ailleurs, contrairement à la tradition, la nouvelle première adjointe ne récupère pas la coordination de l’équipe municipale. Pendant plus de dix ans, elle s’acquitte de sa tâche avec sérieux et dévouement. Quand, en octobre 2002, elle assure l’intérim après l’agression au couteau de Bertrand Delanoë, c’est sans rechigner, et sans demande particulière, qu’elle rend la place quelques semaines plus tard. Le désormais ex-maire de Paris lui en conservera une reconnaissance éternelle.
>>> LE TEMPS DES AMBITIONS
Sauf qu’Anne Hidalgo a désormais goûté au pouvoir, et qu’elle y a pris goût. Dès lors, elle oeuvre pour devenir l’héritière incontestable de son mentor. Et là encore, elle fait montre d’une poigne que peu de ses ennemis, et de ses amis, soupçonnaient. En 2008, elle voit une première fois la mairie lui passer sous le nez quand Bertrand Delanoë est battu au congrès socialiste de Reims. Premier secrétaire, il aurait lâché la capitale. En 2011, elle sent sa place menacée par les ambitions de l’écologiste Cécile Duflot, soutenue en sous-main par Martine Aubry. Anne Hidalgo a finalement le dernier mot, mais la rupture avec la maire de Lille est durable. "Je te conseille de ne plus jamais croiser mon chemin", lui lance-t-elle, furibarde, selon Le Monde.
Car pour discrète qu’elle soit, Anne Hidalgo est capable de se mettre en colère. Son calme apparent ? "C’est une façade", assure un élu de gauche à 20minutes. "Quand elle veut quelque chose, elle est capable d’entrer dans des colères noires." Et la mairie de Paris, Anne Hidalgo la veut, plus que tout. Dès septembre, elle prend tout le monde, partenaires et adversaires, de court, en annonçant sa candidature. Les réseaux qu’elle a constitués en tant que première adjointe lui permettent d’être seule candidate socialiste. Puis elle constitue avec autorité ses listes, imposant non-cumul, parité stricte et renouvellement.
Et finalement, rien, ni les mécontentements des cadres socialistes locaux, ni le contexte national, ô combien défavorable, ne l’aura empêché de conquérir Paris. La voilà en pleine lumière. Gare, désormais, à l’aveuglement.
EXCLU- Anne Hidalgo invitée exceptionnelle d'Europe 1 lundi matin
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