L'aide française à la Grèce a-t-elle été subordonnée à la confirmation par Athènes de contrats d'armements en faveur de Paris ? C’est en tout cas ce qu’affirme vendredi le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit. "J'ai rencontré le Premier ministre grec George Papandréou la semaine dernière. J'étais à Athènes. Je le connais depuis longtemps", a expliqué l'eurodéputé.
"François Fillon et Nicolas Sarkozy ont dit à George Papandréou : 'nous allons lever des sommes pour vous aider, mais vous devez continuer à payer les contrats d'armement (...) signés par le gouvernement Karamanlis'", a raconté Daniel Cohn-Bendit. "Depuis donc ces trois derniers mois, il y a eu plusieurs milliards de contrats d'armement confirmés, on a obligé la Grèce à confirmer des frégates françaises – d’un montant 2,5 milliards - que doivent acheter les Grecs, il y a des hélicoptères, des avions, des sous-marins allemands", a expliqué l’écologiste.
"De l’hypocrisie"
"C'est quand même incroyable la manière dont les Merkel et Sarkozy de ce monde traitent un Premier ministre grec", s'est exclamé Daniel Cohn-Bendit. "Je dis que c'est de l'hypocrisie, on veut faire de l'argent, voilà la réalité", a-t-il assuré. Lors d'un débat mercredi au Parlement européen sur l'aide à la Grèce, le député européen avait lancé : "Vous êtes complètement fous", à l'adresse de la Commission européenne et des représentants des Etats de l'UE.
"Ce que doit faire le gouvernement Papandréou est pratiquement impossible", avait-il affirmé, à propos des sacrifices salariaux et sociaux demandés, fustigeant en outre les dépenses militaires en Grèce, qui plombent les déficits. "On leur donne de l'argent pour acheter nos armes. On est complètement hypocrites", s'était-il insurgé, en citant les contrats de la France et de l'Allemagne. "Je demande à la Commission un rapport sur les ventes d'armes à la Grèce et à la Turquie ces dernières années, afin qu'il y ait transparence", avait-il conclu.
16,8 milliards d’euros pour la Grèce
Le ministère français de la Défense s'est refusé à tout commentaire. Le Sénat français a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi le volet français du plan d'aide à la Grèce, qui prévoit de prêter 16,8 milliards d'euros sur trois ans, dont 3,9 milliards en 2010, sur un total de 110 milliards fournis par les pays de la zone euro et le Fonds monétaire international.