Ils n’en sont pas encore à séduire les électeurs dans des meetings. A trois mois de la présidentielle, plusieurs candidats font encore la chasse aux signatures auprès des maires. Europe 1 est parti à leur rencontre.
Christine Boutin, candidate du Parti chrétien-démocrate, a même pris son bâton de pèlerin pour tenter d’arracher les 332 signatures qui lui manquent. Pour sa première étape, dans les Yvelines, elle n’a récolté qu’une signature "sûre" et trois possibles sur seize mairies visitées. "C’est un petit ratio, c’est difficile", a-t-elle confié à Europe 1. "On est en train de cadenasser la démocratie", a encore ajouté vendredi matin Christine Boutin, désignant les manœuvres des "deux gros, le PS et l’UMP". "Si je n'ai pas ces signatures, ce sera la preuve concrète que les gros partis bloquent le système", a conclu la présidente du Parti chrétien-démocrate.
Du côté des grands partis justement , les consignes ont été claires. Jean-François Copé a fait passer le message dans le parti de la majorité : les signatures de l’UMP sont réservées au candidat de l’UMP. Même son de cloche du côté du PS, qui a envoyé sa consigne par écrit le mois dernier. Claude Bartolone, ténor des socialistes, invoque le souvenir du 21 avril 2002. "En 2002, on avait vu un certain nombre d’élus socialistes donner leur signature à des petits candidats de petits partis de gauche". Et après l’élimination de Lionel Jospin dès le premier tour, "on pouvait légitimement se poser la question de savoir si on avait pas joué avec le feu".
Dupont-Aignan critique envers le système
En 2007, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan n’avait pas réussi à être candidat, faute d’avoir pu réunir les 500 parrainages. Pour 2012, il s’y est pris à l’avance et en était jeudi à son 75e déplacement en un an. Il est confiant, mais aussi critique envers le système. "L’UMP et le PS font tout pour qu’il n’y ait pas de voix différente en France", dénonce-t-il.
"La démocratie c’est la liberté de se présenter" :
A l’extrême-gauche aussi, la question des signatures fait grincer des dents. Le NPA se plaint ainsi d’avoir déjà dépensé des dizaines de milliers d’euros, pour récolter seulement 335 signatures jusqu’ici. Les principaux partis rétorquent qu’avec 40.000 parrains potentiels, l’élection pourrait, en théorie, compter pas moins de 80 candidats.
Le FN serait à la peine
Mais à chaque élection, c’est surtout le Front national qui affirme avoir beaucoup de mal à obtenir les 500 signatures et réclame, depuis des années, l’anonymat des parrainages. Car certains noms sont publiés par le Conseil constitutionnel, ce qui gêne les maires notamment vis-à-vis des élus locaux au département ou à la région, qui leur accordent des subventions. Marine Le Pen, qui en serait à environ 300 signatures, propose donc "que l’ensemble des présidents de conseil régionaux, de conseils généraux, s’engagent officiellement à n’effectuer aucune privation de subvention".
L’association des maires de France, elle, propose une autre solution : que les maires disposent d’une double signature.