Luc Chatel soutient une directrice d’école qui a refusé qu’une mère voilée accompagne son fils.
Le ministre de l’Education a tranché. Saisi par des parents d’élève d’une école primaire de Pantin, en Seine-Saint-Denis, qui protestaient contre le refus de la directrice d’autoriser, à la fin du mois de janvier, une femme musulmane portant un foulard d’accompagner les élèves lors d’une sortie scolaire, Luc Chatel leur a opposé une fin de non-recevoir.
"Je considère que les parents d’élèves qui sont volontaires pour participer à une sortie scolaire se doivent de respecter les principes de neutralité, de laïcité de l’école de la République. A chaque fois que l’école a transigé sur ces valeurs républicaines, elle n’a pas gagné", a déclaré au micro d'Europe 1 jeudi Luc Chatel, qui se défend de toute visée électoraliste. "Il n’y a pas de message aux électeurs. Je suis interrogé par des parents d’élèves, dans une lettre. Je réponds sur les principes de la neutralité, de la laïcité. L’école de la République est testée régulièrement. Nous nous devons d’être intransigeants par rapport à cela. C’est l’esprit de ma réponse à ces parents d’élèves."
"Ça s’appelle de la discrimination"
Les parents d’élèves qui en avaient appelé au ministre ne décolèrent pas. "C’est tout simplement scandaleux. Qu’on dise à une personne, ‘parce que vous vous habillez de telle manière dans l’espace public, vous n’avez pas le droit d’accompagner les élèves comme n’importe quel autre parent d’élève’, ça s’appelle de la discrimination", estime Michel Prizelac, délégué FCPE à l'école primaire Joséphine Baker de Pantin, interrogé par Europe 1. "Le principe de laïcité n’était pas en jeu en l’espèce. Cette personne ne fait pas de prosélytisme. Il y a un amalgame entre laïcité et Islam."
Quant à la femme concernée, qui accompagnait fréquemment selon Le Parisien les élèves quand son fils était à l’école maternelle, "elle a été choquée, elle le vit très mal", précise Michel Prizelac, qui voit plus loin. "Maintenant que Luc Chatel a pris position, ce n’est pas uniquement elle qui sera visée, mais toutes les mères de famille qui accompagnent les sorties scolaires. Ce qui va poser des difficultés pour les sorties scolaires et aussi pour l’intégration de ces mères de famille."
Ironie du calendrier, cette polémique arrive alors que la loi sur l'interdiction du port du voile intégral a été publiée jeudi au Journal officiel. Elle prendra effet le 11 avril prochain.