Parmi les 800.000 professeurs qui font leur rentrée lundi, certains d’entre eux deviendront peut-être ministre. Ce cheminement de carrière est bel et bien possible : près d’un tiers des ministres actuels sont en effet d’anciens enseignants, d'Aurélie Filippetti à Vincent Peillon, en passant par Dominique Bertinotti ou Christiane Taubira. Sans oublier bien sûr le chef du gouvernement en personne, Jean-Marc Ayrault, ex-professeur d’allemand. Europe 1 a interrogé le Premier ministre et son ministre de l’Education sur leur souvenirs de rentrée.
"J’étais littéralement épuisé"
En ces temps agités, marqué par la crise et le chômage, l’évocation de ses souvenirs de professeur semble d’ailleurs détendre le Premier ministre. "C’est très impressionnant", se remémore Jean-Marc Ayrault en exclusivité pour Europe 1. "Vous vous dites : est-ce que je vais réussir ? Parce que vous êtes observés", précise, un grand sourire aux lèvres, le Premier ministre en racontant sa première rentrée.
Du stress aussi pour Vincent Peillon au moment de prendre son premier poste. "Mon premier cours, c’était un mardi de 10 heures à 11 heures. Quand j’en étais sorti, je m’étais allongé sur un lit. J’étais littéralement épuisé", raconte le ministre de l’Education nationale. "Les gens ne se rendent pas compte : les premiers cours, le stress de la préparation, tenir une salle de classe pour la première fois, savoir comment on doit s’habiller quand on a 23, 24, 25 ans, et qu’on doit arriver face aux élèves", énumère cet ancien professeur de philosophie.
"C’est quand même une mission d’être professeur"
Ce stress, rassure Jean-Marc Ayrault, s’étiole au fil des années. "A chaque rentrée scolaire, avec l’expérience, ce stress du début disparaît", affirme le Premier ministre, qui toutefois tempère : "Après il y a toujours un petit pincement. Parce que vous allez retrouver les collègues puis vos élèves. Est-ce que le contact va toujours être bon, est-ce que la confiance va naître ? Parce que c’est tout un art. C’est quand même une mission d’être professeur. Une belle mission", précise le Premier ministre.
Une mission qui a aussi permis à Jean-Marc Ayrault d’aguerrir son style, tout en pédagogie et concertation. "Je me souviens, une année, j’avais une méthode d’allemand qui s’appelait Die Deutsche et qui consistait à ne pas utiliser le livre, donc pas l’écrit, pendant un trimestre", se souvient-il. J’ai eu une protestation des parents à la première réunion parents-profs. J’ai fait là aussi de la pédagogie en direction des parents. Tout s’est bien passé rassurez-vous, le trimestre suivant il y avait de l’écrit. Mais la méthode finalement avait porté ses fruits", se félicite le Premier ministre.