La blague n’a pas fait rire Rachida Dati. Le 3 janvier dernier, des petits plaisantins du Web se sont amusés à diffuser de faux communiqués de presse sur le site Internet de l’ancienne ministre de la Justice, en profitant d’une faille technique. Selon les informations d’Europe 1, la députée européenne, par ailleurs maire du 7e arrondissement de Paris, a porté plainte le jour même du piratage de son site. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. L'enquête a été confiée à la BEFTI (Brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information) de la Police judiciaire parisienne.
Plusieurs indices sur le faux site de Rachida Dati étaient de nature à mettre la puce à l’oreille à l’internaute averti. D’abord, le logo PPE (Parti populaire européen, qui regroupe les partis de droite au niveau de l’Union) avait été remplacé par un logo PIPE du meilleur goût. Par ailleurs, la Une du site a un temps posé cette question : "qui a la plus grande bouche, Nadine ou moi ?"
Un écologiste piégé
Les amateurs de politique se seront eux méfiés en lisant le communiqué de presse annonçant la candidature de Rachida Dati en Seine-Saint-Denis. La maire du 7e arrondissement de Paris est depuis plusieurs semaines en guerre ouverte avec François Fillon pour se présenter dans la 2e circonscription de la capitale, et elle n’est pas femme à abandonner si facilement.
"J'ai décidé d'accepter la proposition du président de me présenter dans la circonscription d'Aulnay-Pavillon-sous-Bois-Bondy sud-est", pouvait-on pourtant lire sur le site de Rachida Dati. "Je serais fière de remplacer le candidat local UMP Gérard Gaudron, dont le bilan de mandature à l'Assemblée nationale est tout aussi riche que le mien au Parlement européen". Ce ton clairement ironique venait en fait d'Hervé Suaudeau, candidat écologiste à l'élection législative de la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis, rappelait lemonde.fr. C'est lui-même qui a rédigé ce faux communiqué, afin de lancer un "défi médiatique" à Rachida Dati.
Le quotidien du soir a identifié le responsable de ce "hackage participatif". Il s’agit d’un internaute connu sous le pseudonyme de @Jeunespopkemon sur Twitter, et apparemment spécialisé dans l’humour aux dépens de la droite. "Pas d'enrichissement personnel, pas de destruction, juste proposer une bonne tranche de rire aux internautes, sur le dos de l'UMP", a-t-il déclaré au monde.fr. "La magie, c'est que tout cela est réalisable sans aucune action pénalement répréhensible". Sur ce dernier point, l’internaute est peut-être allé un peu vite en besogne. La justice tranchera.