L’INFO.Manuel Valls a certes obtenu la majorité pour son plan d'économies, mais de justesse. Le résultat du vote des députés est tombé mardi dans la soirée : 265 voix pour, 232 contre. Mais ce que l’on retient surtout, c'est l'ampleur de l'abstention côté socialiste : 41 députés PS ont voulu montrer leur désapprobation face aux efforts demandés aux Français. Du jamais vu. Et des difficultés à venir pour le gouvernement.
"Être au PS, cela signifie parfois ne pas être d’accord." Les frondeurs ont donc été totalement imperméables à la pression du Premier ministre, du PS et du groupe socialiste. Et ils ont bien l’intention de continuer à faire entendre leur petite musique. "Le but, c’est de montrer qu’il y a des débats, ce n’est pas une personne toute seule qui décide de tout. La démocratie, ce n’est pas ça. En démocratie, pour avoir une majorité, il faut faire des compromis. C’est ce que, demain, nous continuerons à faire. Il n’est pas question d’être dans l’opposition, mais être au Parti socialiste, cela signifie parfois ne pas être d’accord. Là on ne l’était pas et on l’a exprimé", a expliqué à Europe 1 Mathieu Hanotin, député de Seine-Saint-Denis.
Les premières difficultés de Manuel Valls ne devraient pas tarder à arriver. En juin, l’Assemblée nationale va examiner la loi de finances rectificatives pour 2014, avant d’attaquer à l’automne le budget 2015, soit la mise en œuvre concrète du plan d’économies. "41 abstentions, c’est significatif", admet un proche du Premier ministre, qui relativise aussitôt : "c’était le texte le plus difficile du quinquennat." Il n’en reste pas moins que ce vote est un revers pour le chef du gouvernement.
"Valls va devoir s’habituer à gérer une majorité relative." Manuel Valls a voulu saluer mardi "un acte fondateur" de la mandature, et il n’a pas tort. Mais peut-être pas dans le sens où lui l’entend… Son gouvernement est en effet désormais condamné à négocier avec une poignée de rebelles qui risque de le prendre en otage à chaque vote. Et c’est donc une minorité qui dicte sa loi à la majorité….
Une situation qui renvoie aux années Rocard, quand le Premier ministre devait négocier texte après texte pour obtenir une majorité de circonstance. "Manuel Valls va devoir s’habituer à gérer une majorité relative. Mais il sait le faire puisqu’il a été le conseiller parlementaire de Michel Rocard", tente de se rassurer Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, dans Le Figaro. Il existe toutefois une différence de taille avec le gouvernement Rocard (1988-1991) : ce dernier disposait de fait d’une majorité relative issue des urnes, alors que l’actuel Parti socialiste a toujours, sur le papier, la majorité absolue dans l’hémicycle.
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