Les premières images donnent d’emblée le ton du documentaire. Nicolas Sarkozy dans sa cuisine, qui fait des papouilles à sa fille, passe près de son épouse, lui demande un café. Carla Bruni lui apporte. Il s'assoit devant la télé et regarde un match du PSG. "Garde ton énergie, tranquille", lui glisse-t-elle. Cet étonnant film de 52 minutes est diffusé mardi soir sur D8. Il est signé Farida Khelfa, ancien mannequin, proche amie de Carla Bruni, et qui s’est immiscée pendant trois mois, le temps de la campagne présidentielle de 2012, dans l’intimité de cette famille pas comme les autres.
Sarkozy ne s’énerve jamais. Campagne intime, c’est donc d’abord un documentaire people, où l’on suit le quotidien d’un couple qui s’aime, qui s’embrasse, où l’on voit Nicolas Sarkozy en peignoir, au réveil. Un Français comme vous et moi, un Français moyen, humain, loin de l’image brutale de l’hyperprésident. D’ailleurs, il est frappant de voir que l’ancien chef de l’Etat ne s’énerve jamais dans ce documentaire, même lorsque tout n’a pas été parfait. Exemple, juste après le grand meeting du 1er mai au Trocadéro. "J’ai fait une immense connerie, j’ai oublié le sursaut national, p… !", sourit presque Nicolas Sarkozy, au téléphone avec un ami.
"Il est avant tout un chef de famille". C’est ce même calme que veut retenir Farida Khelfa. "Ce qui m’a surpris, c’est Nicolas Sarkozy face à la défaite. Bien évidemment, j’étais assez stupéfaite de sa réaction. Du calme qu’il avait autour de cette tempête, de ce tumulte", témoigne la réalisatrice au micro d'Europe 1. "Il venait vraiment se ressourcer auprès de sa famille et c’est ça qui m’a paru important. C’est de voir que pour lui, c’est sa famille qui prime. Bien sûr que la France, c’est très important, mais il est avant tout un chef de famille. Avant d’être un chef d’Etat. C’est un peu ça qui ressort du documentaire", estime-t-elle.
Dans cet extrait, Nicolas Sarkozy dialogue avec son conseiller Franck Louvrier :
"Campagne intime" : au cœur de la famille...par LeNouvelObservateurLa grande scène de la défaite. Et s’il ne fallait retenir qu’une scène de ce documentaire, c’est celle où Nicolas Sarkozy, venant de constater sa défaite, s’adresse à ses collaborateurs. Scène qui a bien failli ne jamais voir le jour. "Il ne m’a pas dit ‘sors de la pièce’, parce qu’il est bien élevé. Mais il m’a dit ‘non, là on filme pas. Tu ne filmes pas’", raconte Farida Khelfa. "C’était dans le salon vert, au moment où il s’adresse à tous ses collaborateurs, tous les ministres. Là où il leur dit qu’il faut rester unis, qu’il faut parler au peuple, à tout le peuple. Il écrit son discours final", poursuit celle qui a finalement… laissé tourner sa caméra. "Je prends le risque. De toute façon, s’il ne l’avait pas voulu, je n’aurais rien pu faire. Il n’y avait que moi qui pouvais faire ces images-là. Ça donne une intensité réelle", se félicite l’ancien mannequin.
Une Carla très politique. Mais le plus surprenant dans ce film, ce n’est finalement pas le président, mais son épouse, que l’on découvre très politique, elle qui, pourtant, s’en est toujours défendue. A la fin du film, lorsque dans son bureau, Nicolas Sarkozy, battu, prépare son dernier discours, il déclare qu’il ne croit pas au recours, comme pour tirer un trait sur sa vie politique, et c’est Carla Bruni qui lui glisse : "surtout, il ne faut pas être définitif vis-à-vis des Français". Comme si c’était elle qui voulait garder une porte entrouverte sur le pouvoir.