"À partir du 12 juin, les Français ne vont plus être intéressés que par le football", concédait la semaine dernière un conseiller de François Hollande. Certains hommes politique, aussi, devraient suivre de près les matchs de la coupe du monde, par passion ou par intérêt. Si l'équipe de France, qui joue vendredi soir face à la Suisse, se qualifie pour les huitièmes de finale, certains membres de l'exécutif devraient même se rendre à nouveau au Brésil.
En cas de qualification des Bleus, le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, devrait en effet assister au huitième de finale. Sa ministre de tutelle, Najat Vallaud-Belkacem, qui est déjà allée au match d'ouverture, pourrait être présente au quart de finale. François Hollande réfléchit également à un voyage au Brésil pour un éventuel quart ou une éventuelle demi-finale. Et en cas de finale, c'est le Premier ministre Manuel Valls qui pourrait faire le déplacement dans l'Estádio Mário Filho, puisque le chef de l'Etat sera occupé par les cérémonies du 14 juillet. Et tous devront se poser la question : comment réussir son passage au stade ?
"SE TROMPER DANS LES NOMS N'A PAS NUI À CHIRAC"
"Les hommes politiques donnent souvent l'impression d'être coupés du monde. Un passage au stade permet d'améliorer cette image", décrypte pour Europe1.fr Jean-Daniel Levy, directeur du Département politique et Opinion chez Harris Interactive. "Il s'agit également de moments d'émotion collective auxquels les hommes politiques veulent être associés. Ce sont des moments où une nation se dit : nous sommes une nation. Ce n'est d'ailleurs pas le cas qu'en France. Angela Merkel, par exemple, va souvent voir des matchs", poursuit cet observateur avisé des politiques dans le sport.
“@LeNouvelObs: au cœur du gang bang autour d'Angela Merkel hier soir dans le vestiaire après la victoire Allemande." pic.twitter.com/RKihYMKXhf— l'Oiseau (@DudAntoine) 17 Juin 2014
Mais si être stade permet d'améliorer l'image d'un élu ou d'un ministre, encore faut-il réussir son passage. Jacques Chirac, par exemple, pourra se réjouir d'avoir connu, pendant son mandat de président, une victoire de la France en coupe du monde. En revanche, il aurait pu se passer de la vidéo le montrant dans les tribunes, en train de baragouiner les noms des joueurs de l'équipe de France qu'il ne connaissait visiblement pas très bien (à l'exception de quelques-uns, dont Zidane).
"Cela n'a pas nui tant que ça à Jacques Chirac. Tout le monde n'a pas relevé cette erreur. On retient surtout l'image du Chirac sympathique, proche des joueurs, brandissant son maillot de l'équipe de France avec le numéro 23 dessus", nuance pour sa part Jean-Daniel Lévy. Car selon lui, l'opinion est avant tout sensible à une chose : "il faut montrer que l'on est vraiment intéressé par le match et le football". Et c'était bien le cas de Jacques Chirac.
Rachida Dati en revanche, n'a pas laissé la même impression. En 2009, lors de la rencontre PSG-Lyon, elle a été surprise à regarder son téléphone pendant tout le match. "On ne demande pas une place pour lire ses textos !", tacle ainsi un habitué de la Tribune officielle du Parc des Princes, cité par M, le magazine du Monde la semaine dernière. "Le tout est de ne pas faire semblant", renchérit Jean-Daniel Lévy.
L'ESSENTIEL : "PARLER AVEC LES TRIPES"
Une autre question qui compte est celle des places. Pour montrer que l'on est amateur de football, encore faut-il apparaître dans le champ des caméras… et si possible à côté d'une personnalité importante. Le tout est de ne pas s'en vanter… surtout si c'est faux ! "En mai 2013, Nathalie Kosciusko-Morizet annonçait dans un communiqué officiel qu'elle assisterait au match PSG-Brest, au côté de Nicolas Sarkozy. L'ex-ministre de l'écologie avait misé gros sur ce doublé com'. Raté. Elle s'est retrouvée placée quelques rangs derrière", racontait Le Monde.
Et s'il vaut mieux être à côté d'une personnalité appréciée des Français, gare à ne pas se retrouver à côté de n'importe qui non plus. "Ainsi le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui avait ses habitudes dans la tribune officielle, a préféré émigrer quelque temps vers une autre loge le jour où Louis Acariès, l'ancien boxeur à la réputation sulfureuse, y a pris place", poursuit le magazine du Monde.
"Il faut se montrer, c'est bien d'avoir une bonne place. Mais ce n'est pas vraiment ça l'important", insiste pour sa part Jean-Daniel Lévy. "Les Français finissent toujours par se rendre compte si le politique fait semblant ou si c'est un vrai passionné", poursuit le politologue. Et de conclure : "ça se voit sur ses prises de parole, on voit s'il parle avec les trippes où s'il n'est pas dedans. S'il n'est pas dedans, ça finit par se savoir".