Changement de cible. Fini le temps où Jean-François Copé tapait sur François Hollande à la moindre occasion. Ces dernières semaines, le député-maire de Meaux a radicalement changé de ton avec François Hollande, préférant décocher ses flèches contre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qualifié, il y a peu, de "maillon le plus faible d'un gouvernement ivre".
Un discours encensé. "J'ai trouvé que François Hollande avait prononcé un très beau discours qui était celui que l'on attendait (…) le président a trouvé les mots à travers l'évocation qu'il a faite de cette tragédie". Cette citation, élogieuse pour le chef de l'Etat, n'a pas été prononcée par l'un de ses proches mais par … Jean-François Copé, le 7 novembre dernier, à l'occasion du lancement des commémorations du centenaire de la guerre 14-18. Les proches de Jean-François Copé prennent soin de souligner que ce jour-là, le député-maire de Meaux était placé juste derrière le Premier ministre, dans la salle des fêtes de l'Elysée. Dans l'entourage du mal-aimé de l'UMP, on raconte aussi fièrement que François Hollande n’a pas exclu de venir à Meaux, dans la ville de Jean-François Copé, pour l’anniversaire de la bataille de la Marne. Le patron de l'UMP a même reçu un petit mot manuscrit du président. Vous avez dit lune de miel ?
>>> Pour Caroline Roux, "on est passé de la charge à l'arme lourde à la lune de miel". La preuve par l'exemple.
Copé défend le président. Au sein de l'UMP, cette opération séduction en agace plus d'un. "Copé cible Ayrault mais ménage systématiquement le président", fustige un baron du parti. Et cette opération séduction de Jean-François Copé ne se limite pas aux commémorations de la Grande guerre. La preuve avec ces trois exemples récents. Le 11 novembre, le député-maire de Meaux est ainsi l'un des premiers dans l'opposition à condamner les incidents visant le président Hollande sur les Champs-Elysées. Le patron de l'UMP juge alors "très regrettable" le "mélange des genres un jour comme le 11 Novembre".
Prêt à voter un texte PS. Jeudi dernier, Jean-François Copé déclare qu'il regarde "avec un oeil très favorable" la proposition de loi visant à sanctionner les clients de prostituées et annonce même qu’il pourrait voter pour le texte. Une première sous le quinquennat Hollande ?
Et n'accable pas Hollande sur le chômage. Plus étonnant encore, alors qu'il eut été facile de taper sur le président après son cafouillage sur la courbe du chômage vendredi dernier, Jean-François Copé s'est d'abord félicité des chiffres du mois de novembre, commençant dans un communiqué par affirmer que "la baisse du chômage en catégorie A était positive pour toutes les personnes concernées".
Devenir un homme d'Etat. Le patron de l'UMP, qui se sait très impopulaire dans l'opinion, cherche tout simplement à prendre de la hauteur. Pour revenir dans le jeu et devenir une figure incontestée et incontestable au sein de son propre parti, Jean-François Copé a besoin que François Hollande lui offre le statut de premier opposant à la majorité. Tel un Alain Juppé, Jean-François Copé veut incarner un homme d'Etat. Alors, le député-maire de Meaux ne ménage pas ses efforts : il se recentre, invoque les institutions et l’esprit de responsabilité dès qu’il le peut. "Il veut être un interlocuteur respectable pour le chef de l’Etat, histoire de sortir du rôle d’intendant d’un parti en crise", résume Caroline Roux.
Une tactique risquée. Si cette posture peut plaire à l'opinion, elle devrait fortement déplaire aux militants UMP, d'autant plus à cinq mois des municipales. "Ce pas de deux de Jean-François Copé, porte-flingue en quête d'une stature d'homme d'Etat renvoie l’image d’une opposition perdue, en mal de cap et d’identité", conclut Caroline Roux.