Le contexte. Après le Mali, le président français a désormais le regard tourné vers la Syrie. Jeudi, François Hollande a ainsi transformé le sommet européen de Bruxelles, où il ne devait être question que de politique économique, en grand raout diplomatique. Deux ans jour pour jour après le début du conflit, Paris et Londres ont en effet mené une double offensive en demandant à l’Union européenne la levée de l’embargo qui touche Damas afin de pouvoir livrer des armes aux rebelles syriens.
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Une décision "logique". Élysée réfute le terme d’accélération ou d’inflexion, mais parle d’une décision "logique", dans la continuité de la feuille route diplomatique tracée par le président de la République depuis son élection. En juillet dernier, c’est en effet à Paris que se tenait la réunion des Amis du peuple syrien. Fin août, François Hollande recevait les représentants de l’opposition, qu’il légitimait même en acceptant leur ambassadeur. Sans oublier le discours offensif du président français à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU, en septembre.
Pourquoi ce pas supplémentaire ? Paris considère qu’il n’y a désormais plus la moindre chance d’un règlement politique avec Bachar al-Assad. Le déplacement de François Hollande au Kremlin il y a deux semaines a été un moment clé dans cette prise de conscience. Le président français a en effet compris dans ses échanges avec Vladimir Poutine qu’Assad n’accepterait jamais aucune conciliation. D’où cette décision d’accentuer l’aide à l’opposition syrienne dont Paris est convaincue qu’elle est "solide et structurée", et donc que les armes remises seront entre de bonnes mains.
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Un effet Syrie dans les sondages ? Après sa décision d’intervenir militairement au Mali, François Hollande avait vu sa cote de popularité remonter, lui qui dégringolait avec constance depuis des mois. Même cause, même effet avec le dossier syrien ? Si la France ne s'engage pas dans un conflit pour façonner l’image d’un président chef de guerre, il y a indéniablement dans la politique extérieure de la France l’empreinte d’un volontarisme fort, d’une capacité de François Hollande à prendre des décisions tranchantes, à les assumer. Précisément ce que lui reproche l'opposition sur la scène intérieure…