C’est désormais acté : François Hollande va remanier le gouvernement. Tout le monde le réclamait, à droite comme à gauche, mais le président souhaitait temporiser. Alors pourquoi a-t-il accéléré son calendrier ?
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Pour acter le début d’une seconde phase. Pour François Hollande, une première étape de son quinquennat a été franchie : celle de la mise en place des grands outils de l'inversion de la courbe du chômage - emplois d’avenirs, contrat de génération - le dernier étant la fléxisécurité qui sera définitivement votée le 15 mai au Sénat. Lors du conseil des ministres qui s’est tenu mercredi, le président a même donné la date précise de la fin de cette première phase : les 20 et 21 juin, jours de la conférence sociale. C'est à partir de cette date que le remaniement devrait avoir lieu.
Pour assoir son autorité. Il est raillé par l’opposition, défié par sa majorité et mal-aimé par les Français. En laissant planer le spectre d’un remaniement futur, le chef de l’Etat tape du poing sur la table. Le patron, c’est lui. Dire qu’il va remanier, c’est dire aux Français qu’il comprend leur déception et leurs doutes. Et dire aux ministres : "attention, au moindre dérapage…"
Pour faire taire les ministres et renforcer Ayrault. C’est en effet LE gros point positif du remaniement annoncé : calmer les ardeurs de certains membres du gouvernement, qui n’ont pas hésité, pour certains, à le défier publiquement. "C’est un bon moyen de donner une sainte trouille à pas mal de ministres", a confirmé Dominique Bussereau à Europe 1, mercredi matin, un ancien ministre UMP qui en connait un rayon en matière de remaniement, lui qui a participé aux gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon."On a moins d’appétence à aller dans les médias, cela conduit à un certain silence radio. Et puis c’est un bon moyen vis-à-vis de certains députés socialistes, qui piaffent de rentrer au gouvernement, de leur dire : ‘attention à la façon dont vous vous comportez si vous voulez faire partie du prochain gouvernement’", a-t-il poursuivi.
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Pour gagner en efficacité. Son entourage plaide pour un gouvernement resserré, dit "de combat", mais l’enjeu n’est pas là pour le président, pas plus qu’il ne souhaite sanctionner "les grandes gueules". Son objectif est tout autre : opérer un "remaniement d'efficacité". Parce qu’il doit faire avec la parité tout en respectant les équilibres au PS et les egos de ses alliés de la majorité, François Hollande sait que ce sera difficile. Mais le roi de la synthèse va s’y atteler. Concrètement, il s'agirait de réorganiser le gouvernement autour des trois ou quatre grands thèmes qu'il a définis: l'investissement, l'emploi, la jeunesse et la préparation de l'avenir.
Pour imiter… Nicolas Sarkozy. S’il a axé sa campagne sur l’antisarkozysme et la nécessité de revenir à un exercice de la fonction présidentielle plus "traditionnel", François Hollande a vite compris que ce qui était associé à la personne de l’ancien président était en fait imputable à l’évolution institutionnelle qu’est le quinquennat. "On avait été très choqué par le comportement de Nicolas Sarkozy qui avait traité son Premier ministre de collaborateur. Mais cela avait caché quelque chose que l’on n’avait pas vu tout de suite : l’évolution des institutions. Il n’y a pas d’autorité hiérarchique entre le président et son premier ministre, mais peut-être que le quinquennat doit l’y obliger. On ne l’avait pas vu", confiait ainsi à Europe 1 Dominique Villemot, l’un de ses visiteurs du soir. Comme Nicolas Sarkozy, François Hollande doit donc s’affirmer, aller sur le terrain, s’exprimer dans les médias. Et "terroriser" ses ministres. Avant l’été 2010, l’ancien président avait ainsi annoncé à ses ministres un remaniement prévu… à l’automne.