L'INFO. Ils ne se quittent plus, et on exagère à peine. Au lendemain de la victoire éclatante de son parti aux départementales, qui Nicolas Sarkozy a-t-il reçu au siège de l'UMP ? Jean-Christophe Lagarde, son allié. Le leader de l'UDI est plus choyé que jamais. "C'est un partenaire pour qui j'ai de l'amitié et de la considération", a assuré Nicolas Sarkozy devant les journalistes.
>> Une "amitié" qui s'explique, aussi, par des considérations bassement stratégiques. Europe 1 vous décrypte les ressorts de cette relation.
Ensemble. Au moment de commenter la victoire de la droite, l'ancien locataire de l'Elysée a promis, au soir du second tour, que l'une de ses "priorités" serait de "renforcer" cette unité droite/centre, insistant sur le caractère "collectif" de la victoire aux départementales. Dans l'entre-deux-tours, Nicolas Sarkozy s'était déjà montré deux fois aux côtés de Jean-Christophe Lagarde : le lundi au siège du parti centriste à Paris, et le jeudi à Perpignan, où il tenait son dernier meeting.
"Avec Jean-Christophe Lagarde, nous avons voulu présenter des candidats ensemble. Cette stratégie de l'union a été plébiscitée", a lancé le même Nicolas Sarkozy après leur tête-à-tête post-victoire. Réponse du patron de l'UDI : il s'est installé "une forme de dialogue qui n'existait pas il y a encore un an. Nous sommes incontournables, alors que ça n'a pas toujours été le cas". Qui a parlé de lune de miel ?
Sarkozy a tout à y gagner… En politiques aguerris, les deux hommes savent qu'ils ont besoin l'un de l'autre. En invitant le(s) candidat(s) de l'UDI à participer à la primaire organisée par l'UMP, Nicolas Sarkozy espère ainsi réduire l'espace politique d'Alain Juppé - en cour chez les centristes -, donc son score. Réflexion identique pour François Bayrou, dont les électeurs potentiels pourraient être tentés de se positionner dès 2016 sur… Alain Juppé voire Jean-Christophe Lagarde.
Et, en plus, le gagnant de la primaire - Nicolas Sarkozy, de préférence - deviendrait alors le candidat de la droite unie au premier tour de la présidentielle de 2017. Le meilleur moyen de repousser le spectre d'une élimination cuisante face à une Marine Le Pen toujours plus menaçante électoralement. "On fait une primaire parce que c'est une assurance deuxième tour", reconnait Luc Chatel, le conseiller politique de l'UMP.
… l'UDI aussi. Pour Jean-Christophe Lagarde, s'allier à l'UMP permet à la très jeune UDI - même pas trois ans d'existence - de peser. Les départementales ont ainsi permis au parti centriste de glaner entre 450 et 500 conseillers, ce qui fait de lui la troisième force politique du pays. Et, surtout, Jean-Christophe Lagarde sait que l'UMP lui est redevable de l'avoir aidé à triompher lors de ce scrutin. Ce qui le met en position de force pour négocier en vue des régionales. Trois têtes de listes auraient ainsi été promises à l'UDI : Hervé Morin en Normandie, Philippe Vigier dans la région Centre et François Sauvadet en Bourgogne-Franche Comté.
Si, sur le papier, tout semble réuni pour que l'alliance des deux hommes fasse florès, ils vont aussi devoir éviter quelques obstacles. A l'UDI, certains estiment par exemple qu'une candidature autonome à la présidentielle est nécessaire, sous peine d'être dilué dans l'UMP. D'autres regrettent que ce soit le parti de Sarkozy qui fixe les règles du jeu de la primaire. "L'UMP organise son système puis dit: ‘ah au fait si vous voulez venir on peut vous entrouvrir une porte', cela ne me semble pas être un bon signe pour l'avenir", a ainsi lancé Yves Jego, vice-président de l'UDI, sur le site des Echos. Jean-Christophe Lagarde va devoir être aussi habile que convaincant pour rassurer sa famille.
Nicolas Sarkozy, lui, devra être vigilant. S'il s'appuie aussi ostensiblement sur le patron des centristes, c'est parce qu'il ne le craint pas du tout. Ni aujourd'hui, ni demain. "Je le connais bien, il n'est pas du genre à prendre la lumière", a-t-il ainsi affirmé à Jean-Pierre Raffarin, selon Le Canard enchaîné. Le député-maire de Drancy a pourtant déjà montré qu'il était capable de griffer.
Les contorsions de Sarkozy. Quand le patron de l'UMP, quelques jours avant le premier tour, s'est lancé dans une opération-séduction des électeurs frontistes en se prononçant contre les repas de substitution dans les écoles, Jean-Christophe Lagarde n'a pas mâché ses mots, sur RTL : "quand il n'y a pas de problème, a-t-on besoin d'en créer ? Il a fait une erreur, la France a assez de problèmes comme ça !" Et d'ajouter, offensif : "c'est de la manipulation politique, et je trouve cela lamentable."
Une alliance d'intérêts, oui, un blanc-seing, non. Nicolas Sarkozy est donc prévenu et connait les données du problème : continuer à marcher main dans la main avec les centristes, tout en essayant de reconquérir les électeurs partis garnir la besace du FN. La quadrature du cercle.
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