Pourquoi les Verts sont si "méchants" ?

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EELV a planté une nouvelle épine dans le pied socialiste.

Les Verts ne sont décidément pas des alliés dociles. Le nucléaire, l’aéroport Notre-Dame des Landes, et maintenant le traité européen. De quoi rendre chèvres les partenaires socialistes d’Europe Ecologie-Les Verts, dont le conseil fédéral a massivement rejeté samedi la ratification du traité européen. Mais, pourrait geindre le PS, pourquoi les Verts sont-il si méchants ? Éléments d'explications.

Parce qu’ils sont contre le traité européen. C’est la principale raison, bien sûr, de la nouvelle vexation faite au Parti socialiste. Les Verts plaident depuis longtemps pour une Europe fédérale avec un gouvernement puissant, pour la fin de l’indépendance de la Banque centrale européenne et pour la mise en place d’une fiscalité écologique. Autant de choses que le pacte de stabilité ne prévoit pas. "Nous sommes arrivés à la fin de cycle d'une construction européenne ultratechnocratique et ultralibérale", explique Jean-Vincent Placé, numéro 2 du mouvement, au Figaro.

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Parce qu’ils veulent exister. L'occasion était trop belle pour les leaders écologistes d'occuper une large place médiatique. Le très ambitieux Jean-Vincent Placé, qui lorgne un ministère en cas d'éventuel remaniement dans les mois à venir, était ainsi en première ligne pour expliquer la décision de ses camarades écologistes, décision qui est aussi la sienne. Pascal Durand, tout récent secrétaire général, veut de son côté marquer son début de mandat par un acte politique fort.

Parce qu’ils n'ont pas la culture du gouvernement. Jusqu’alors, la seule présence des Verts dans un gouvernement remontait à la gauche plurielle, entre 1997 et 2002. Une expérience déjà faible, et dans un contexte bien différent. "A cette époque, il n’y avait pas beaucoup de dissensions potentielles avec le Parti socialiste", rappelle Daniel Boy. Et donc peu d'occasions de mettre à mal la sacro-sainte solidarité gouvernementale. "Les Verts n’avaient pas vraiment expérimenté cette culture de gouvernement", confirme ce politologue.

En outre, la culture du conflit serait dans leur ADN. "Il faut se rappeler que le slogan originel des Verts est : ‘faire de la politique autrement’. C'est-à-dire pas de chefs, pas d’élite…", rappelle Daniel Boy. "C’est vraiment une des racines de la culture de l’écologie politique. Et il en résulte une certaine indiscipline", conclut l’expert.

Parce qu'ils ne voulaient pas fâcher leur base. Les dirigeants du parti savent qu'Europe Ecologie-Les Verts n'est actuellement pas au mieux. "Les temps sont durs pour EELV, qui a perdu la moitié de ses adhérents récemment", rappelle Daniel Boy. D'où une volonté de ne pas fâcher la base, résolument hostile au traité européen. "L’élite du parti n’avait aucune envie d’être en porte-à-faux avec la base", juge le politologue. "Entre la solidarité gouvernementale et les aspirations de la base, il y avait un grand écart que les dirigeants n’ont pas voulu faire", estime ce spécialiste. Cela explique sans doute l’ampleur de la victoire du "non" samedi après-midi, avec 77 voix contre 24, et 8 votes blancs.