Dimanche, les quelque 260.000 adhérents à l’UMP se choisissent un nouveau chef. Depuis le début de la campagne, François Fillon est présenté dans les médias comme le grand favori. Jean-François Copé, lui, promet "une très grosse surprise".
>>> Qui dit vrai ? Trois éléments de réponse accréditent l’idée d’une vraie incertitude.
1. Il n’y a aucun sondage crédible
C’est la position des copéistes… "Les sondages ne disent rien de la réalité, c’est un fait". C’est l’argument favori dans le camp Copé, alors Valérie Rosso-Debord, contactée par Europe1.fr, ne se prive pas de le resservir, et de le développer en long et en large.
… mais un peu mois celle des fillonistes. S’il reconnaît lui aussi que les enquêtes d’opinion, réalisées auprès des sympathisants et non des adhérents, ne veulent pas dire grand chose, Jérôme Chartier, député du Val d’Oise et proche de l’ancien Premier ministre, joint par Europe1.fr, en tire malgré tout des enseignements : "tous les sondeurs expliquent qu’il y a une corrélation entre les adhérents et les sympathisants donc il doit bien y avoir une part de vérité dans tous les sondages publiés qui donnent François Fillon largement en tête non ?"
L’avis d’un sondeur. Frédéric Dabi, directeur adjoint à l’Ifop, convient bien volontiers du manque de pertinence des enquêtes réalisées. "Jusqu’en août, on a fait des enquêtes avec les sympathisants UMP mais on a arrêté quand on s’est rendu compte de l’exploitation erronée qui en était faite", nous assure le sondeur. Le nœud du problème est simple. Pour faire un sondage, "il nous faut un fichier avec la population pertinente. Donc pour évaluer le rapport de force au sein de l’UMP, il nous faudrait le ficher des 260.000 adhérents. Or ce type de fichier est considéré comme un trésor de guerre par chaque parti ! " Une seule exception : l’élection à la présidence des Jeunes Pop’ de l’UMP avait donné lieu, en 2009, à une étude de l’Ifop, "mais l’enjeu était moins important… tout comme le fichier", analyse Frédéric Dabi, qui n’imagine pas une seconde que quelqu’un à l’UMP ait pu fournir la liste à un institut pour commander un sondage secret : "c’est très hautement improbable…"
2. Fillon s’énerve
La meilleure défense, c’est l’attaque. Dépeint par Jean-François Copé comme le "candidat des barons", un homme modéré -voire centriste -, François Fillon a enfilé les gants dans la dernière semaine, accusant notamment son rival de "vouloir faire le buzz avec ses viennoiseries". Un signe de fébrilité, jugent certains proches de l’élu de Meaux. "Fillon se confronte à la réalité et s’inquiète. Il s’est rendu compte un peu tard qu’il n’était pas en phase avec les militants. Il a mené une campagne de second tour de présidentielle. Et s’éloigner de Sarkozy a été une erreur", tranche ainsi Valérie Rosso-Debord.
Dans le camp Fillon, on s’amuse de cet angle d’attaque. "Ce durcissement est simplement révélateur d’un agacement. François Fillon en a eu assez de se faire caricaturer donc il a voulu dire ‘Quand on me cherche, on me trouve’", décrypte un Jérôme Chartier "serein".
3. Copé tient l’UMP
La crainte des fillonistes est présente depuis le premier jour. En tant que secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé abuserait de sa position dans l’organisation du scrutin. "Cette accusation est ridicule depuis le début car toute a été décidé lors du bureau politique de l’UMP", estime Valérie Rosso-Debord. Ce qui n’a pas empêché Michèle Tabarot, membre du ticket Copé, de réclamer des isoloirs dans les bureaux de vote des Alpes-Maritimes, fédérations acquises à François Fillon…
Si Jérôme Chartier reconnaît qu’il "faudra être vigilant avant, pendant et après le scrutin", son inquiétude est ailleurs et porte un nom : abstention. "On a constaté depuis le début que Copé souhaitait le moins possible de bureaux de vote. Son objectif est clair : que la participation soit la plus faible possible, ce qu’il estime être sa seule chance de gagner". "C’est simplement de l’agitation de fin de campagne", rétorque Valérie Rosso-Debord.