Difficile de savoir qui l'a emporté à l'applaudimètre dans ces échanges parfois ternes. Lundi soir, Nicolas Hulot, Eva Joly et les deux autres candidats à la primaire EELV ont tenté de convaincre les militants lors d'un premier débat à Toulouse.
Eva Joly, les pieds dans le tapis
Eva Joly a semblé être parfois plus percutante malgré son erreur sur les "3.000" morts, au lieu de 30, dans la catastrophe d'AZF à Toulouse en 2001 qui a provoqué un brouhaha.
Mais pour le reste, comme à La Rochelle dimanche dernier, les débats ont essentiellement tourné autour de Jean-Louis Borloo. Visiblement tendus, les candidats ont évité les phrases assassines mais pas les piques en direction de Nicolas Hulot, qui avait évoqué un possible partenariat avec l'ancien ministre de l'Ecologie et dont le positionnement à gauche suscite encore le scepticisme.
Eva Joly, que le tirage au sort avait désignée pour parler en premier, a ainsi spontanément répété qu'un rapprochement avec une personnalité comme Jean-Louis Borloo était à ses yeux impossible, "sauf à entretenir la confusion". Ancrant Europe-Ecologie-Les verts résolument à gauche, elle a évoqué ceux qui "ont tout, la fortune et les privilèges, alors qu'ailleurs on a du mal à boucler les fins de mois".
Mêmes critiques en creux pour les deux outsiders de la primaire écologiste. "L'écologie est à gauche", a lancé l’élu alsacien Henri Stoll, arborant sa fidèle cravate en bois, après avoir fait rire l’auditoire en évoquant son "petit déficit de notoriété". Le militant anti-nucléaire Stéphane Lhomme a renchéri en déclarant qu'à ses yeux, le "Grenelle de l'environnement était une tromperie. Et si je croise M. Borloo je saurai le lui dire !".
"Révolution écologique à l'amiable"
Nicolas Hulot, face à ces attaques, n'a pas cillé. "Oui j'ai parlé avec Jean-Louis Borloo comme avec Olivier Besancenot, et d'autres leaders de gauche", a t-il reconnu. Une clarification qui était très attendue dans la salle. "J'ai écouté l'hypothèse et je l'ai fermée tout de suite parce qu'il n'y avait pas de compatibilité. Mais au delà de ça, est-ce que l'écologie est simplement réductible à la gauche ? Est-ce que l'écologie n'apporte pas un petit supplément d'âme quand même que simplement être de gauche ? ", a interrogé l'ancien animateur.
Nicolas Hulot "a développé son idée d’une "révolution écologique à l'amiable", expliquant vouloir "assumer et revendiquer une écologie heureuse, généreuse, créatrice". Il a également aussi souligné "l'obligation d'unité" des écologistes, s’attirant ainsi les applaudissements… d’Eva Joly.
Le résultat du premier tour de la primaire est attendu le 29 juin. Avec plus de 25.000 votants jusqu'ici - la limite d'inscription est fixée au 10 juin -, difficile de savoir vers qui, de Hulot ou Joly, se tourneront la majorité des sympathisants. Les Verts ne comptaient que 8.000 adhérents il y a deux ans à peine. Humiliés en 2007 avec Dominique Voynet (1,57%), les écologistes comptent sur la dynamique des 16,28% des européennes de 2009 et sur la remise en question mondiale du nucléaire après la catastrophe de Fukushima et certains rêvent d’un score à deux chiffres à la présidentielle.