Le deuxième débat télévisé de la primaire PS n’a pas seulement enthousiasmé la gauche. Très critique dans un premier temps vis-à-vis du processus de désignation du candidat socialiste pour 2012, l’UMP ne semble plus aujourd’hui aussi unanime sur la question.
"Nous avons eu tort"
"Nous regardions cela avec un peu de dédain au départ. Nous avons eu tort". Après avoir suivi le deuxième "round télévisé" de la primaire PS mercredi soir, le député UMP Yannick Favennec le dit : "les socialistes ont été très malins". "C’est une belle occupation de l’espace médiatique. Ce n’est pas un règlement de compte à OK Corral comme on pouvait l’espérer. Il y a des confrontations d’idées, des contradictions aussi, mais il y aussi du respect mutuel", explique le député de la Mayenne joint par Europe1.fr. Enthousiaste au lendemain du deuxième débat, Yannick Favennec s’est fendu d’un tweet jeudi matin pour interpeller ses collègues de l’UMP : "finalement bel exercice de démocratie que cette primaire socialiste....nous pourrions peut être nous en inspirer....oui mais quand ?????? ".
Même son de cloche du côté du député UMP Etienne Blanc. "J’ai toujours recommandé à ma famille politique de ne pas se moquer de la primaire PS et de ne pas la commenter négativement", rapporte-t-il. Interrogé par Europe1.fr, le député de l’Ain loue les mérites de l’exercice. "On parle des grands sujets de société. Ce débat capte ainsi l’opinion et la droite est complètement absente", constate-t-il.
Son collègue Yannick Favennec reste toutefois réservé sur la suite de la primaire et "l’exercice grandeur nature des gens qui iront voter". Mais il prévient : "si le second temps de la primaire est réussi, on aura pris une bonne leçon de modernisme". Et le député assure ne pas être le seul des parlementaires UMP à être "séduit" par l’idée d’une primaire à droite. Pour 2012, "c’est trop tard", regrette-t-il. "Le temps ne permet plus de le faire. Mais ça ne m’aurait pas déplu. Je suis convaincu que beaucoup le pensent, peu osent le dire. Le dire, c’est un crime de lèse-majesté", confie-t-il.
Certains souhaitaient une primaire à droite en 2012
D’autant qu’avant lui, des députés UMP avaient déjà proposé il y a quelques mois l’organisation d’une primaire à droite pour 2012, avant d’être rappelés à l’ordre par la direction du parti. C’est le cas du député européen Lamassoure ou encore d’Hervé Mariton. Contacté par Europe1.fr, le député de la Drôme semble aujourd’hui résigné : "j’ai compris que ma position était à ce moment-là minoritaire. J’en ai pris acte".
Mais ce que certains disent désormais à demi-mot dans les couloirs de l’Assemblée nationale, c’est que si Nicolas Sarkozy n’était pas si fragilisé aujourd’hui et s’imposait réellement comme le candidat naturel, personne à droite ne trouverait le moindre intérêt à un dispositif comme la primaire. "Je regrette très sincèrement qu’on ne l’ait pas fait pour 2012. C’est nous qui sommes un peu ringardisés maintenant", grince des dents un élu UMP sous couvert d’anonymat. Et les mauvais résultats des sénatoriales ne risquent pas de rassurer les plus inquiets."L'UMP devrait prendre cela en considération. La société n'accepte plus les organisations hiérarchiques pyramidales, héritées de l'histoire", avait prévenu mardi Patrick Devedjian, le président du Conseil général des Hauts-de-Seine et ancien numéro un du parti présidentiel, dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Du côté des militants, même si Nicolas Sarkozy conserve des aficionados de la première heure, des partisans plus modérés trouvent aussi des vertus au principe d’une primaire. "J’ai trouvé que c’était très sain d’avoir des débats au sein d’un parti", confiait après avoir suivi le débat de mercredi soir Camille Bedin, membre des Jeunes Pop’.
"A droite, un homme s’impose"
Mais pour la députée UMP Valérie Rosso-Debord, le débat n’a pas le lieu d’être car la seule logique institutionnelle explique qu’il ne pouvait y avoir de primaire à l’UMP en 2012. "Nous, à droite, nous avons la chance d’avoir un homme qui s’impose par son charisme, ses idées et qui est déjà président de la République, nous n’avons donc aucun intérêt à organiser une primaire", juge la déléguée générale adjointe de l’UMP jointe par Europe1.fr. Interrogée sur les propos de Yannick Favennec, Valérie Rosso-Debord ironise : "Et dans quelques mois, quand il faudra organiser les législatives, est-ce que Yannick Favennec estimera qu’il faut une primaire pour savoir s’il est le meilleur candidat UMP dans sa circonscription ?".
Par conséquent, pour Hervé Mariton, à l’heure actuelle la seule possibilité de "primaire" à droite se joue au niveau du programme, pas du candidat. "Il y aujourd’hui une opportunité à saisir à organiser un parcours de délibérations aussi fort et intense que possible", estime-t-il. Quant à l’organisation d’une primaire en 2017, le député de la Drôme botte en touche : "qu’on s’occupe d’abord de gagner 2012".
Une primaire à droite, "inévitable en 2017"
Mais l’idée pourrait faire son bout de chemin en attendant l’échéance de 2017. "La primaire pour les élections à venir, on en décidera une fois qu'on en sera là. Pour l'instant, ce n'est pas le sujet", a toutefois prévenu il y a quelques semaines le patron de l’UMP, Jean-François Copé, qui ne cache pas son désir d’être candidat à la présidence de la République dans cinq ans.
Pourtant, nombreux sont-ils à espérer une primaire à droite en 2017. "J’étais probablement le seul à droite et au centre à dire que la primaire est un exercice moderne", a souligné jeudi sur Europe 1 le président du Nouveau Centre, Hervé Morin. "Je dis que pour la droite comme pour le centre, ce sera probablement la dernière campagne présidentielle avec des accords d’appareil", a pronostiqué le député de l’Eure.
La ministre du Budget et conseillère régionale UMP d'Ile-de-France Valérie Pécresse a ainsi récemment estimé que la droite "n'échapperait pas" à l'organisation de primaires pour la présidentielle de 2017. Si pour 2012 le camp majoritaire a "un candidat naturel", "légitime" en la personne de Nicolas Sarkozy, "en 2017 nous n'échapperons pas aux primaires", a-t-elle déclaré. Un sentiment partagé par le député Bernard Debré le 16 septembre dernier sur Europe 1. "En 2017 nous aurons droit à une primaire à droite, je l'espère", a souhaité le député UMP de Paris, reconnaissant la "modernité" du principe de la primaire. Le député UMP Yannick Favennec en est certain : "en 2017, ce sera inévitable".