Après avoir alimenté la chronique politique durant de longues semaines, sinon de longs mois, la primaire socialiste va connaître son épilogue. Martine Aubry et François Hollande s’affrontent ce dimanche lors du second tour pour avoir le droit de représenter le PS à l’élection présidentielle de 2012.Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 9 heures.
Au cours du premier tour, un pacte de non-agression entre les six candidats avait été respecté. L’entre-deux tours a au contraire été marqué par une escalade verbale entre les finalistes et leur entourage. Par ailleurs, les ralliements ont conforté François Hollande dans son statut de favori, même si les sondages montrent un écart serré. Mais un tel scrutin étant inédit en France, difficile de prévoir d’une part comment les votes vont se reporter d’un candidat à l’autre, et d’autre part quels seront les profils des votants. Europe1.fr rappelle tout ce qu’il y a à savoir pour ce scrutin si attendu.
Les ralliements. C’est le carton plein pour François Hollande. Les quatre candidats malheureux du premier tour lui ont en effet tous apporté leur soutien plus ou moins prononcé. Manuel Valls (6,9%), le soir même, et Jean-Michel Baylet (0,6%), le lendemain, ont très rapidement appelé à voter pour le député de Corrèze. Ségolène Royal, qui a d’abord dû digérer son faible score du premier tour (6,9%), a pris plus de temps. Et c’est mercredi, avant le débat télévisé, que la présidente de Poitou-Charentes a appelé à voter pour son ancien compagnon, pour "amplifier le résultat du premier tour".
Quant à Arnaud Montebourg, le troisième homme, il a ménagé le suspense, histoire de faire fructifier au mieux ses 17,2% du premier tour. Le député de Saône-et-Loire a d’abord, par voie de communiqué, demandé aux deux candidats "impétrants" des réponses écrites à ses questions. Puis, vendredi, il a enfin fait part de sa décision. Sa demi-décision, plutôt, puisqu’il n’a finalement pas donné de consignes de vote, tout en indiquant qu’à titre personnel il voterait pour François Hollande.
Arithmétiquement parlant, François Hollande, fort de ses soutiens, est désormais grandissime favori. Mais la volatilité des votants est un grand mystère, et Martine Aubry n’a pas fait une croix sur la victoire.
Les petites phrases. A l’heure du bilan, cela pourrait constituer le principal point noir d’un processus démocratique jusqu’alors très réussi. A l’approche du vote, le ton est peu à peu monté entre Martine Aubry et François Hollande, et leurs entourages ont eu bien du mal à tenir leur langue. A tel point que la Haute autorité pour les primaires citoyennes, chargée de veiller au bon déroulement du scrutin, a dû appeler au calme.
A son concept de "gauche molle", Martine Aubry a ainsi ajouté celui de "candidat du système" pour qualifier son adversaire. "Je crois que c'est un dérapage", s’est agacé François Hollande. Mais ses soutiens ont été plus durs. "Ça suffit! Je ne veux pas qu'on utilise les mots de la droite, voire de l'extrême droite", a réagi Manuel Valls. Quant à Vincent Peillon, il a adressé un "carton rouge pour Martine Aubry. Il ne faut pas qu'elle se trompe d'adversaire", a jugé l’eurodéputé. "On voit que certains maîtrisent mal leurs nerfs, c'est important quand on prétend aux plus hautes fonctions de l'Etat!", a-t-il encore estimé.
Reste à savoir si l’appel de la Haute autorité sera entendu par les candidats, mais aussi par leurs entourages.
Le mode de scrutin. Le vote est ouvert à tous les Français inscrits sur les listes électorales. Les personnes qui n’ont pas voté au premier tour peuvent tout de même se rendre aux urnes dimanche. Près de 11.000 bureaux de vote ont été installés. Vous trouverez le vôtre en rentrant votre code postal sur le site : http://bureauxdevote.lesprimairescitoyennes.fr/ ou sur les applications Iphone lancées par le parti. Pour déceler toute incohérence et désamorcer la moindre polémique, les résultats remontent aux instances d'organisation de la primaire par trois voies différentes : audiotel, stylos électroniques (qui numérisent les résultats) et procès verbaux. L’identité du vainqueur devrait être connu dans la soirée, sauf si le scrutin est très serré. Car comme au premier tour, il faudra probablement attendre plusieurs jours pour connaître les résultats définitifs.
Après le vote. Le temps de faire retomber la pression, une convention d’investiture est organisée en grande pompe le samedi 22 octobre à la Halle Freyssinet à Paris pour investir officiellement le vainqueur de la primaire. Le plus dur commencera alors pour le finaliste malheureux du second tour. Car il faudra faire bonne figure face aux journalistes, puis apporter un soutien sans faille au vainqueur pendant toute la campagne électorale.