Jusque là, le PS était parvenu à donner peu ou prou l’image d’un parti uni, malgré l’exercice délicat de la primaire. Mais l’entre-deux-tours a changé la donne. Même le grand favori François Hollande ne parvient plus à épargner Martine Aubry, alors que cette dernière a multiplié les petites phrases. Et les entourages des deux finalistes ont du mal à garder la mesure. A tel point que la Haute autorité des primaires, parmi d’autres, a été contrainte vendredi de monter au créneau pour mettre fin à l’escalade verbale.
L’organe, présidé par l’avocat Jean-Pierre Mignard, a ainsi demandé vendredi par voie de communiqué aux deux candidats d'"éviter les pièges du dénigrement et l'inévitable enchaînement des polémiques". "Les candidats et leurs équipes doivent constamment avoir à l'esprit que toute stigmatisation de l'un ou de l'autre revient à blesser une partie de l'électorat des primaires. Or quel que soit l'élu ou l'élue, il ou elle aura besoin de tout l'électorat pour gagner", rappelle l’autorité dans son texte.
Valls : "ça suffit !"
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase du débat est venue de Martine Aubry. Dans un entretien à 20minutes.fr vendredi, la maire de Lille a qualifié son adversaire de "candidat du système". "Le système s’est créé son candidat et nous a matraqués de sondages. (…) Peut-être parce qu’il est plus facile à battre pour Sarkozy", déclare-t-elle.
La finaliste de la primaire s’est ainsi attirée les foudres du camp d’en face. A commencer par le principal intéressé. "Il faut arrêter cette escalade, je crois que c'est un dérapage", a réagi François Hollande sur BFMTV. "L’autorité, ce n’est pas d’être agressif. (Croire que) quand on montre de l'agressivité, on montre du caractère et bien non!", a-t-il encore lancé. Les soutiens du député de Corrèze ont été encore moins mesurés. "Ça suffit! Je ne veux pas qu'on utilise les mots de la droite, voire de l'extrême droite pour disqualifier" un candidat, a ainsi déclaré sur Canal Plus Manuel Valls, candidat malheureux à cette primaire, qui a décidé de rallier François Hollande.
"Carton rouge pour Martine Aubry"
Même argument pour François Rebsamen. "Le vocabulaire de Le Pen n'avait pas droit de cité entre candidats socialistes", a prévenu le sénateur-maire de Dijon. "C'est inacceptable et cela doit cesser." Quant à Vincent Peillon, il a adressé un "carton rouge pour Martine Aubry. Il ne faut pas qu'elle se trompe d'adversaire", a jugé l’eurodéputé. "On voit que certains maîtrisent mal leurs nerfs, c'est important quand on prétend aux plus hautes fonctions de l'Etat!", a-t-il encore estimé.
A mesure que le scrutin de dimanche se rapproche, la tension n’en finit donc pas de monter. Reste à savoir si l’appel de la Haute autorité sera entendu par les candidats, mais aussi par leurs entourages. Car pendant ce temps-là, la droite assiste au spectacle et se frotte les mains.