Les syndicats préféreraient une mesure sur les salaires à la prime annoncée.
Mesure électoraliste, absence de hausse des salaires, absence d'obligations pour les entreprises de moins de 50 salariés... Les syndicats ont globalement critiqué la mise en place d’une prime aux salariés, annoncée mercredi par le gouvernement. Cette prime sera attribuée en cas de hausse des dividendes dans les entreprises de plus de 50 personnes.
La prime va "diviser les salariés" et limiter les hausses de salaire. C'est ce qu'a estimé François Chérèque, le leader de la CFDT. Ainsi, dans une entreprise "qui va se voir imposer une prime sur laquelle elle ne paiera pas d'impôt sur les sociétés, moins de charges, il y aura moins d'augmentation de salaires, plus de prime".
François Chérèque a également critiqué le fait que le montant de la prime soit soumis à la négociation : "d'une prime de 1.000 euros pour les entreprises qui font des bénéfices, nous passons à une prime dont le montant n'est pas défini, qu’il va falloir négocier", a-t-il regretté. Pour le numéro un de la CFDT, le salarié était le perdant de cette mesure.
Une mesure "électoraliste"
La CGT a pour sa part dénoncé une mesure "électoraliste". Selon Michèle Chay, membre du Bureau confédéral du syndicat, Nicolas Sarkozy veut répondre aux revendications des salariés sur le pouvoir d'achat "par l'improvisation et les tentatives électoralistes" et des propositions qui "évoluent de jour en jour";
Concernant le contenu de la mesure, la CGT a dénoncé l’absence "d'obligation de résultat" des négociations qui auront lieu dans toutes les entreprises concernées sur les modalités de cette prime, selon le gouvernement. Le syndicat a également critiqué le fait que le dispositif retenu ne prévoit qu'"une simple incitation" pour les entreprises de moins de 50 salariés, alors que "40% des salariés" travaillent dans ces entreprises selon la confédération. "Pour la CGT, il faut commencer par augmenter les salaires, et notamment le Smic, et rouvrir les négociations salariales partout dans les entreprises", a également ajouté le syndicat.
Beaucoup de salariés n'auront rien
A FO, c’est le côté "quasi-virtuel" de la prime qui est dénoncé. Jean-Claude Mailly a estimé, jeudi sur RTL, qu’"il y a plein de salariés qui n'auront rien (...), y compris tous ceux qui sont dans les services publics (...) ".
Jean-Claude Mailly a également avancé que "les patrons les plus malins pourront racheter des actions pour éviter que les dividendes augmentent". Comme plusieurs autres leaders syndicaux, le secrétaire général de FO a réaffirmé sa préférence pour "des augmentations de salaires". Il a également demandé l’instauration d’"une prime transport pour tous ceux qui sont obligés de prendre leur véhicule" pour aller travailler.
Pouvoir d'achat en berne
Moins virulente, la CFE-CGC, ne se satisfait pas pour autant de l’annonce du gouvernement. Le syndicat a "pris acte de la volonté" du gouvernement et "jugera le moment venu de ce que cela aura réellement apporté aux uns et aux autres".
La CFTC a également fait part d'un sentiment partagé. Jacques Voisin, le président du syndicat, s'est "félicité" du souci du gouvernement d'un "partage équitable de la richesse produite dans les entreprises", mais elle a réclamé que l'effort concerne "toutes les entreprises". La CFTC a également demandé "une autre réponse que du facultatif en élargissant la participation aux salariés de toutes les entreprises". "Cela ne peut pas être du 'deux poids, deux mesures' et la 'faute à pas de chance' pour ceux qui ont la malchance de travailler dans les entreprises de moins de 50 salariés", où le versement de la prime ne sera pas obligatoire.
"Néfaste", pour le Medef
La prime pour les salariés a également été décrite par le syndicat des patrons, le Medef, comme une "mesure néfaste". L'organisme a dénoncé les effets contre-productifs d'une "ingérence de l'Etat dans le paritarisme".