Désireux de peser de tout son poids dans le programme présidentiel de l'UMP, Laurent Wauquiez fourmille d'idées. Trop peut-être, au goût de ses collèges. Après l'obligation de travail pour toucher le RSA - qui avait failli lui coûter son poste, avant d'être reprise par Sarkozy - et l'idée de réserver les logements sociaux à "ceux qui travaillent", le benjamin du gouvernement fait une nouvelle fois sensation. Sa dernière sortie en faveur d'un "protectionnisme moderne" européen qui "accepte le bras de fer avec ses principaux rivaux" fait grincer des dents à droite.
"Il faut laisser des partis extrêmes défendre cette idée"
Plusieurs ténors de l'UMP ont multiplié les déclarations cette semaine, pour dire tout le mal qu'ils pensaient de la nouvelle idée du leader de la "droite sociale". Le secrétaire général de l'UMP en personne a tenu à clarifier les choses jeudi. "Personne ne peut penser raisonnablement que le mot de protectionnisme est un mot moderne", a rectifié Jean-François Copé.
Le patron de l'UMP s'est également permis de donner une leçon de politique au ministre de l'Enseignement supérieur. "Il faut laisser des partis extrêmes défendre cette idée du protectionnisme français qui consisterait, et ce serait suicidaire, à fermer les frontières françaises", a expliqué le député-maire de Meaux. "Ce n'est pas parce qu'on met moderne à côté de protectionnisme que tout d'un coup, on s'achète un brevet de modernité," a conclu Jean-François Copé.
Taclé par un collègue du gouvernement
Mercredi, c'était Pierre Lellouche qui était monté au créneau pour tancer le maire du Puy-en-Velay. "Il n'y a rien de moderne dans le protectionnisme", avait raillé le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, donnant au passage une petite leçon d'histoire à son collègue du gouvernement. "Dans l'histoire, le protectionnisme amène tout droit au conflit, amène à la guerre", avait souligné Pierre Lellouche.
Hervé Novelli, chef de file de l'aile libérale de l'UMP avait, quant à lui, manqué de s'étouffer après la sortie du ministre de la Recherche. "Il s'agit de ce qu'on appelle un oxymore. On accole deux termes apparemment contraires pour faire un effet. Le protectionnisme n'est pas moderne", avait réagi en début de semaine l'ancien secrétaire d'Etat au Commerce. "Ce qui est important, c'est de ne pas confondre protecteur et protectionnisme. Etre protecteur, c'est être compétitif, ce n'est pas rester dans un passé révolu", avait taclé le secrétaire général adjoint de l'UMP.
En s'aventurant sur le terrain du protectionnisme, déjà largement occupé par Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Arnaud Montebourg, Laurent Wauquiez a-t-il commis un faux pas ? Pour l'instant, une chose est sûre : à l'UMP, son idée fait pschitt.