C’est LA nouvelle mode au Parti socialiste : créer son pôle de réflexion. Gauche populaire, Gauche durable, Gauche forte, l’aile gauche était bien armée. Mais rien du côté des sociaux-démocrates du parti. Un oubli réparé par les jeunes de "la Génération 6 mai", association lancée pour l’anniversaire de Hollande à l’Elysée. Son objectif, selon les bruits de couloirs de l’Assemblée nationale : soutenir la ligne politique de Manuel Valls. Et préparer l’avenir du ministre de l’Intérieur ? L’association dément fermement.
Pourquoi cette association ? "La Génération 6 mai", c’est 150 membres, jeunes pour la majorité, qui veulent porter le message social-démocrate et défendre l’action présidentielle sur les réseaux sociaux. A les écouter, rien de politicien. Un colloque aura lieu d’ici la fin de l’année. Des propositions concrètes seront formulées sur la réforme de l’enseignement supérieur. Et un livre sur la social-démocratie est prévu pour mi-2014. "On a du boulot devant nous, oui", rigole Mathieu Mayer, le président de l’association, contacté par Europe1.fr.
"Nous sommes à la fois un think tank et un lobby politique. Nous sommes là pour formuler des propositions, pas pour faire un coup médiatique", explique ce jeune collaborateur parlementaire. Surtout ne lui parlez pas d’un club "de droite" en réaction à la "gauchisation" du PS. "L’idée a germé avant même la victoire du 6 mai !", assure-t-il. "Je me réjouis toujours quand des gens font vivre le débat. Mais attention à ne pas préempter la référence au 6 mai, car c’est la gauche dans toute sa diversité qui a fait gagner Hollande. Donc moi aussi je suis de la Génération 6 mai !", s’amuse Emmanuel Maurel (photo), nouvel homme fort de l’aile gauche du PS, joint par Europe1.fr.
Un club de soutien à Manuel Valls ? "Ce n’est pas moi qui vous l’ait dit…", s’amuse un cadre du Mouvement des jeunes socialistes quand la question lui est posée. Une pirouette en forme de oui. Canal + s’en est également fait l’écho. Les couloirs de l’Assemblée nationale bruissent de critiques. Emmanuel Maurel trouve quant à lui "logique et légitime que Valls ait des ambitions."
Frédérique Espagnac (photo), sénatrice des Pyrénées-Atlantiques, est l’une des marraines de l’association, et elle rejette fermement cette hypothèse : "non, ce n’est absolument pas une écurie derrière Manuel Valls. Je me suis d’ailleurs fermement opposé à lui par le passé sur le cas d’Aurore Martin, donc je ne roule pas pour lui, non", assure cette proche de François Hollande à Europe1.fr.
Mathieu Mayer est lui aussi formel. "Nous ne sommes pas là pour préparer une hypothétique candidature de Manuel Valls. Pourquoi dire cela ? Certainement que cela doit en arranger certains… Ce sont des histoires de chapelle et c’est regrettable", assure-t-il. Tout en rappelant qu’il a commencé la politique "en stage, aux côtés de Manuel Valls, pendant deux ans." Et qu’il est aujourd’hui le collaborateur parlementaire de Luc Carvounas. Un sénateur qui dirigea la campagne des primaires socialistes de… Manuel Valls. Et qui est parrain de la Génération 6 mai.
Comme Carlos Da Silva, député de l'Essonne, proche du ministre de l'Intérieur, lui aussi. Trop de coïncidences ? Passablement énervé par la rumeur, qualifiée "d’enfantillage politicien", Carlos Da Silva assure à Europe1.fr que "le jour où il y a aura un club de soutien à Manuel Valls, cela prendra une autre forme, croyez-moi !"
De la concurrence pour le MJS ? Si ce n’est pour soutenir un homme politique, à quoi bon créer une association de réflexion pour les jeunes quand le Mouvement pour les jeunes socialistes est là pour ça ? "Peut-être qu’il s’y retrouve moins…", propose Carlos Da Silva (photo). "Le MJS est essentiel pour le PS, notamment via la formation de cadres, comme Benoit Hamon ou Razzy Hammadi. Il catalyse la nouvelle génération", avance pourtant Mathieu Mayer, élogieux. Pourquoi ne pas les avoir rejoints, alors ? "Nous sommes différents car nous ne sommes pas une associations de jeunes ! Et nous sommes ouverts à toutes les sensibilités politiques, alors qu’il faut être socialiste pour être au MJS", argue-t-il. Contacté par Europe1.fr, un cadre des MJS réplique, presque en colère : il n’y avait "pas besoin de créer une organisation parallèle, les jeunes socialistes sont ouverts à tous. Créer un club, c’est le meilleur moyen de diviser la jeunesse".