Le rendez-vous. François Hollande veut "aller vite", comme il l'indiquait dès mercredi. Le chef de l'Etat recevra dès mercredi prochain "les responsables et dirigeants" des partis politiques pour évoquer la future réforme territoriale, a annoncé l'Elysée. La réforme territoriale ? Un projet explosif qui prévoit de diviser le nombre de régions par deux… et de supprimer purement et simplement les conseils généraux, qui décident des politiques des départements. Une idée que François Hollande excluait fermement il y a encore quatre mois.
Ce que propose l'exécutif aujourd'hui. "Je pense que les conseils généraux ont vécu. Une réforme majeure doit être portée. Il n'y a plus de temps à perdre. Et là nous verrons qui sont les conservateurs, et qui sont les réformateurs", a martelé François Hollande mardi, lors d'une interview sur RMC/BFMTV. "Je considère qu'aujourd'hui toutes ces structures ne sont plus lisibles par les Français. Il faut de la proximité et de l'efficacité", insistait-il.
Le chef de l'Etat rejoignait ainsi ce qu'avait proposé son Premier ministre, lors de son discours de politique générale. Manuel Valls avait indiqué vouloir supprimer les conseils départementaux "à l'horizon 2021". François Hollande, lui, veut même une réforme dès 2015.
Ce que disait François Hollande, avant. Lors d'un déplacement à Tulle, son fief de toujours, le 18 janvier dernier, c'est un tout autre François Hollande qui semblait s'exprimer. Lors de ses vœux aux habitants de Corrèze, dont il a justement présidé le conseil général, il déclarait, au sujet de ces instances : "Je ne suis pas favorable à leur suppression pure et simple, comme certains le réclament, car des territoires ruraux perdraient en qualité de vie sans d'ailleurs générer d'économies supplémentaires". Une position qu'il semblait défendre de longue date.
>> Le discours de Tulle (écoutez à partir de la 14e minute) :
Lors d'un discours à Dijon, en mars 2012, pendant la campagne présidentielle, le candidat socialiste promettait ainsi "aux départements le rôle d’assurer et de renforcer les solidarités sociales et territoriales". "Ils n’y parviendront que si les conseils généraux disposent de nouvelles ressources ", défendait-il encore. "Il y a 30 ans, c’étaient encore les préfets qui étaient les exécutifs des départements", déplorait-il, vantant la "grande loi" de 1982 qui avait changé la donne.
Ce que disait François Hollande avant… mais en off. Toutefois, si dans ces discours, le chef de l'Etat a longtemps défendu les conseils généraux, il semble ne les avoir jamais vraiment portés dans son cœur. En témoigne une révélation de l'Express, le 18 janvier 2012. Lors d'un dîner avec des grands patrons, François Hollande aurait "surpris son auditoire par l'audace de ses propositions". "Il a affirmé que le département constituait un échelon de trop, que l'Etat devrait réduire ses dotations aux collectivités locales", rapportait alors un PDG cité par le magazine. Avec 50 milliards d'économies à trouver, le candidat devenu chef de l'Etat s'est peut-être laissé convaincre de passer du discours officieux aux annonces officielles.
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