Quand Raffarin se paye Sarkozy

Jean-Pierre Raffarin identifie cinq raisons qui ont conduit à la défaite de Nicolas Sarkozy.
Jean-Pierre Raffarin identifie cinq raisons qui ont conduit à la défaite de Nicolas Sarkozy.
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L’ex-Premier ministre juge sévèrement la campagne et la fin de mandat de l’ex-président.

Hasard du calendrier (ou non), alors que les Amis de Nicolas Sarkozy tiennent mercredi leur premier colloque, Jean-Pierre Raffarin se livre de son côté à une véritable charge sur l’ancien président et la façon dont il a mené sa campagne de 2012. C’est dans l’Etat de l’opinion, une revue éditée par TNS Sofres en collaboration avec Le Seuil, dont des extraits sont publiés sur le blog de Françoise Fressoz du Monde, que l’ex-Premier ministre écrit tout le mal qu’il pense des derniers mois du quinquennat de l’ancien président.

>>> Jean-Pierre Raffarin identifie cinq raisons qui ont conduit à la défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, jugeant la victoire "possible" si l’une de ces cinq occasions "avait été saisie".

Il a manqué l’occasion de changer de Premier ministre. Parmi ces cinq erreurs, Jean-Pierre Raffarin pointe le maintien de François Fillon au poste de Premier ministre à l'automne 2010, alors que son remplacement aurait permis au chef de l'Etat de trouver "un second souffle". François Fillon, qui avait été maintenu à Matignon alors que Jean-Louis Borloo était pressenti, appréciera certainement.

>>> Rétro : Torpillé, Borloo préfère partir

Il a fait cadeau du Sénat à la gauche. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac estime ensuite qu'à l'automne 2011, le "Sénat n'a pas été perdu" par la droite et le centre mais qu'"il a été donné", à cause, entre autres, d'une réforme territoriale "mal portée", d'"une réforme de la taxe professionnelle improvisée" ou d'"une désinvolture permanente vis-à-vis de la Haute Assemblée".

Il a perdu le centre. Puis le sénateur fait le procès de la "stratégie de droitisation" du candidat Sarkozy, initié par le conseiller Patrick Buisson (photo). Si elle "a réussi à mobiliser l'électorat de droite contre la gauche", "cette stratégie ne pouvait pas être victorieuse tant l'essence même de la fonction présidentielle est le rassemblement", écrit-il.

buisson

Il s’est isolé. Jean-Pierre Raffarin critique aussi "l'exercice solitaire de la campagne", tout comme celui du pouvoir de la part de Nicolas Sarkozy. "Les comités de campagne étaient un salon convivial où le chef exposait sa stratégie et commentait ses performances", regrette Jean-Pierre Raffarin.

Il a raté le débat face à Hollande. Enfin, l’ancien Premier ministre juge que Nicolas Sarkozy a totalement raté sa prestation lors du débat d’entre-deux-tours face à François Hollande. . "Peu de respect pour son adversaire, peu de considération pour ses arguments, peu de distance avec la pression, pas d'humour, pas assez de hauteur", énumère-t-il. "Ce débat était un combat bien peu présidentiel", conclut-il.

>> Rétro : 2h51 d'un débat intense

>>> A droite, ce jugement n’a pas franchement plu à ceux qui continuent de soutenir sans faille l’ancien président.

Les Amis de Sarkozy fâchés. L’ancien ministre de l’Intérieur, qui ouvrait le colloque des Amis de Nicolas Sarkozy à Bercy, ne s’est pas étendu sur le sujet. "Je peux regretter que Jean-Pierre Raffarin n'ait pas déployé autant d'ardeur dans la campagne que pour la critiquer aujourd'hui."

Même tonalité chez Eric Ciotti. "Je suis choqué mais pas surpris car Jean-Pierre Raffarin n’avait pas été très actif pendant la campagne", a abondé le député des Alpes-Maritimes, interrogé par Europe1.fr. "Je suis choqué par ceux qui ont une volonté de destruction et mêlent leur vois à celles de la gauche". Quant à Eric Woerth, il s’est contenté de glisser dans un sourire un ironique mais éloquent "c’est un peu excessif".

Quant à Lionnel Luca, il a choisi Twitter pour s’en prendre à Jean-Pierre Raffarin.