C’est une évidence. Plus de quatre ans après avoir quitté l’Elysée, Jacques Chirac a vu peu à peu son entourage se réduire comme une peau de chagrin. A quelques jours de l’ouverture de son procès dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, l’ancien président de la République bénéficie du soutien indéfectible de sa famille, en particulier de son épouse Bernadette et de sa fille Claude. Il peut aussi compter ses proches amis, mais sur les doigts de la main. Ceux qui n’ont pas quitté le navire quand Jacques Chirac a quitté le pouvoir. Ceux aussi, qui n’ont pas subi les agissements d’un homme souvent impitoyable au cours de sa carrière politique.
Jean-Louis Debré, fidèle parmi les fidèles. A aucun moment, la fidélité de l’ancien ministre de l’Intérieur n’a fait défaut. Jean-Louis Debré fait toujours preuve à l’égard de son mentor d’une déférence et d’une admiration à toute épreuve. Alors que Jacques Chirac le tutoie, il persiste à le vouvoyer et à lui donner du "monsieur". Depuis la retraite de l’ancien président de la République, les deux hommes déjeunent et se promènent plusieurs fois par semaine ensemble. L’un des derniers gestes politiques de Jacques Chirac fut de nommer son ami à la présidence du conseil constitutionnel, où ils se côtoient également. Un poste qui exige une réserve dont Jean-Louis Debré ne s’est affranchi qu’à une seule reprise, en octobre 2010. "Je trouve que c’est inutile pour lui, pour la France, avait-il déclaré sur France 2 après le renvoi en correctionnel de Jacques Chirac.
François Pinault, l’ami milliardaire. Jacques Chirac est son invité permanent. Entre l’ancien président et l’industriel, l’amitié est désormais vieille de trente ans quand, en 1981, François Pinault rachète une entreprise corrézienne menacée de fermeture pour préserver les chances de Jacques Chirac aux élections cantonales. Depuis, les deux hommes, aux caractères pourtant si différents, ne se quittent jamais bien longtemps, d’autant que leurs épouses, Bernadette et Maryvonne, s’apprécient. Désormais, François Pinault s’est mué en hôte patient d’un Jacques Chirac fatigué. L’ancien président passe la plupart de ses vacances chez son ami, dans sa demeure de Saint-Tropez, dans son château de Dinard ou dans sa propriété vénitienne. Et au comité exécutif du groupe Pinault-Printemps-La Redoute, siège une certaine… Claude Chirac.
Bernadette, la gardienne du temple. Comme pendant toute la carrière politique de son mari, et plus généralement depuis leur mariage il y a 55 ans, Bernadette n’est jamais bien loin. Aussi fermée en publique que Jacques Chirac est volubile, elle veille jalousement à la réputation de son époux, et contrôle scrupuleusement son image. C’est ainsi elle qui a mis fin à la séance d’autographes et de serrages de main de son époux le 14 août à la terrasse d’une restaurant de Saint-Tropez. La perspective du procès de son mari la rend furieuse. "Après tout ce que Jacques a réalisé pour le pays, c’est quand même indigne", s’est-elle récemment plainte auprès d’une amie, selon Le Parisien.
Claude Chirac, la fille attentionnée. Elle a longtemps souffert de la distance avec son père. Pour y remédier, elle s’est tout simplement rendue indispensable. Claude Chirac a longtemps été la conseillère personnelle du Chirac président de la République. Aujourd’hui, accompagnée de son mari Frédéric Salt-Baroux, un autre proche du couple présidentiel, elle est une fille attentive à l’état de santé déclinant de son père. Et au fur et à mesure que le procès approche, elle est de plus en plus présente, en première ligne dans les médias. "Jacques Chirac a toujours répondu aux convocations de la justice. Sa volonté est que le procès se tienne et que la justice aille à son terme", disait-elle le 28 août dernier au Journal du Dimanche. Elle devrait être présente physiquement au tribunal pour soutenir son père.
Les ex-"bébés Chirac". Leur soutien est des plus discrets. Et pour cause, puisque la plupart ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy, meilleur ennemi de Jacques Chirac pendant plusieurs années. Mais ils tiennent tout de même à garder le contact avec celui à qui ils doivent en grande partie leur carrière politique. Valérie Pécresse, ministre du Budget, François Baroin, à l’Economie, ou encore Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée, pour ne citer que les plus en vue actuellement, déjeunent ainsi régulièrement avec lui. Mais ils devraient briller par leur absence médiatique sur le sujet lors du procès.
Les vieux complices. Lionel Jospin excepté, les Premiers ministres qu’a nommés Jacques Chirac sont aussi des amis fidèles. Certes, Dominique de Villepin, qui n’a pas renoncé à se présenter à l’élection présidentielle, a mal vécu l’humour corrézien de Jacques Chirac, quand il avait assuré en juin qu’il voterait François Hollande. Et il a pris ses distances. Quant à Jean-Pierre Raffarin, il visite régulièrement celui qui l’a poussé dans la lumière en 2002 alors qu’il était un président du conseil régional de Poitou-Charentes anonyme. Alain Juppé, enfin, est, par de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, plus distant. Mais il sera bien là au procès de son ami. Pas pour le soutenir, toutefois, puisque l’ancien Premier ministre a été appelé à comparaître en tant que témoin le 14 septembre.