Jusqu’ici la présidence normale de Hollande s’était déroulée sans accroc. Le style du nouveau locataire de l’Elysée était même devenu l’argument de campagne numéro un d’un parti socialiste engagé dans la bataille des législatives, dont le second tour se jouera dimanche.
Mais, pour paraphraser un slogan publicitaire, "ça c’était avant". Avant qu’à quatre jours du scrutin, Valérie Trierweiler ne déclenche une ardente polémique, en soutenant, à contrepied du président, le rival dissident de Ségolène Royal aux législatives à La Rochelle.
Cette "guerre des roses", entre compagne et ex-compagne de François Hollande, ultra-médiatisée, constitue-t-elle pour autant la première faute politique du quinquennat ? Risque-t-elle de faire vaciller la présidence Hollande et la campagne socialistes pour les législatives ? Voici quelques éléments de réponse.
• Pas d’impact sur les législatives…
Tout d’abord, "je ne crois pas que cette polémique aura un impact sur la campagne des législatives elle-même. Les électeurs ne vont pas changer leur vote en raison de ce tweet. Les enjeux sont trop lourds : réorientation de la politique européenne, gestion de la crise, etc.", explique à Europe1.fr le politologue Stéphane Rozès, fondateur de l’agence CAP.
"L’épisode est surtout médiatique. Et il ne deviendra pas ‘la TVA sociale’ des socialistes", renchérit Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop, faisant allusion à cet épisode de 2007 où la proposition d’une TVA sociale confessée par Jean-Louis Borloo entre les deux tours avait réveillé des électeurs de gauche, l’UMP perdant au passage une cinquantaine de circonscriptions au passage. "Ce tweet de Valérie Trierweiler ne touche pas au quotidien des électeurs", insiste le sondeur qui juge également que la récente polémique n’aura pas de répercussions sur le second tour des législatives.
• … mais des répercussions sur l’Elysée
Mais ‘pas d’impact sur la campagne’ ne signifie pas que les conséquences politiques seront nulles. "Cette récente polémique aura, sans nul doute, des répercussions sur l’Elysée et Valérie Trierweiler", estime Stéphane Rozès.
"La symbolique politique - celle de la fonction de président de la République - a été atteinte", précise-t-il avant détailler : "Tout ce qui touche à la symbolique politique touche à l’inconscient collectif d’un pays". Lors des épisodes "Fouquet’s" et "des vacances sur du yacht de Bolloré" du début du quinquennat Nicolas Sarkozy, "les Français sondés par les instituts ne s’étaient pas estimés plus choqués que cela, dans un premier temps", rappelle Stéphane Rozès. "Sur le moment il ne se passe rien, mais les effets sont différés, mais bien rééls. De tels épisodes où privé et public se confondent modifient la perception que les citoyens se font de leur président", insiste-t-il.
• Hollande affaibli ?
"L’image d’une présidence normale - de retour à la morale - voulue par François Hollande pourrait également être écornée", explique à Europe1.fr Frédéric Dabi qui rappelle que l’épisode du tweet de Valérie Trierweiler a réactivé les moqueries de la droite (lire notre article sur le sujet).
Un avis partagé par les éditorialistes de la matinée. Le tweet de soutien au dissident Olivier Falorni "ramène en effet à certains errements du sarkozysme", note ainsi Paul Quinio dans Libération, qui rappelle que le président de la République avait fait campagne en mettant en avant sa volonté de rupture avec l'ère Sarkozy, en particulier sur le mélange des genres entre vie privée et vie publique.
Ce pavé dans la mare est "l'illustration du niveau zéro de la politique et cause grand tort à celui qui aspire à la simplicité", renchérit Daniel Ruiz dans La Montagne. Enfin, Patrice Chabanet du Journal de la Haute-Marne estime que la prise de position de la compagne du président de la République fait entrer "le fiel des inimitiés personnelles entre femmes dans le chaudron politique", et affaiblit "forcément François Hollande en rallumant un doute épais sur sa capacité à contrôler la situation". Bref, l’image de la présidence normale est bien loin.