Quel économiste est Manuel Valls ?

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Alexis Toulon , modifié à
ECO-PORTRAIT - Manuel Valls rencontre vendredi toute la journée les organisations syndicales et patronales.

Le nouveau Premier ministre à peine installé à Matignon trouve sur son bureau des dossiers brûlants. Chômage, croissance, réduction des déficits, menace de sanctions de Bruxelles : Manuel Valls va devoir faire des choix et agir vite pour redonner confiance aux Français, tout en donnant des gages à ses collègues de la majorité. Vendredi, premier rendez-vous important, le Premier ministre reçoit toute la journée les organisations syndicales et patronales.

>> Le Premier ministre est resté discret sur ses positions économiques depuis la primaire socialiste. Manuel Valls est-il le Blair à la française ?

L’ami social-démocrate de Hollande. Manuel Valls et François Hollande partagent de nombreux points communs sur les questions économiques. Lors de la primaire socialiste de 2011, Manuel Valls avait défendu l’allègement du coût du travail pour les entreprises. "La gauche doit renouer un véritable pacte avec le monde économique, avec le monde de l'entreprise, et notamment avec des petites entreprises qui créent la richesse d'entreprise", assurait le candidat d’alors. Il proposait une "TVA sociale", une hausse de la TVA globale pour financer une baisse des charges pour les entreprises. Le président de la République a lancé de son côté une politique de l’offre en janvier, appelée "Pacte de responsabilité", qui diminue les charges des entreprises, et qui est financé par des économies dans les dépenses publiques. Le nouveau Premier ministre s’est également prononcé pour la fusion de la CGE et de l’impôt sur le revenu, ainsi que le prélèvement à la source.

Manuel Valls, un choix économique cohérentpar Europe1fr

L’ennemi de la gauche du PS. Manuel Valls a pris à de nombreuses reprise le contre-pied de la positions officielle du PS. Il a notamment proposé de "déverrouiller les 35 heures", une politique datée des années 90, selon lui. "C'est ma marque, il faut dépasser la question des 35 heures", avait lancé le candidat aux primaires citoyennes. Il allait même plus loin en proposant "d'augmenter de deux ou de trois heures - à négocier évidemment avec les partenaires sociaux - la durée légale du travail et donc, le salaire d'autant en supprimant également le dispositif sur les heures supplémentaires". Même sentence pour les emplois jeunes : "nous ne pouvons pas aller devant les Français avec les mêmes propositions, les mêmes idées qu'en 1997". Lors de la primaire socialiste, il était le seul candidat à s’opposer à la création de 300.000 emplois d’avenir.

"Il faut dépasser les 35 heures"par Europe1fr

Manuel Valls, l’Européen. En plein débat sur la règle d’or budgétaire à l’été 2011, Manuel Valls défendait, l’instauration d'un mécanisme "contraignant de retour progressif aux équilibres". Et pour cela, il proposait d’allouer l'intégralité des marges de manœuvre budgétaires à la réduction du déficit. De quoi ravir Bruxelles qui menace régulièrement la France de sanctions financières pour le non respect des 3% de déficit. Le nouveau Premier ministre, d’origine espagnol, est également l’ami des Allemands. Manuel Valls s’est prononcé pour un ministère commun franco-allemand de l’Economie et des Finances, dont l’objectif serait de résorber la dette et doper la compétitivité. Il est également un défenseur des Eurobonds, les obligations européennes qui doivent permettre d’éviter la spéculation sur les dettes d’Etat.

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Schröder, Blair, Valls ? En économie, "la confiance crée la croissance qui crée la confiance", rappelle Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos. Et pour créer ce choc de confiance, il faut un "programme clair, de l’autorité et du professionnalisme". C’est le défi proposé à Manuel Valls qui s’appuie sur plusieurs modèles : il se définit comme un "Blairiste" et un "Clintonian", et défend une social-démocratie empreinte de "réalisme économique". Mais ce n’est pas sur son idéologie que va se jouer son gouvernement. Les milieux économiques attendent du nouveau Premier ministre des réformes difficiles, capable de transformer la société française, à l’instar de Gerhard Schröder en Allemagne au début des années 2000.

Valls a une vraie marge de manœuvrepar Europe1fr
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