A événement historique, dispositif exceptionnel. Mercredi, le premier mariage homosexuel français sera célébré à Montpellier, dans l'Hérault. Hélène Mandroux, la maire socialiste de la ville unira Vincent Autin et Bruno Boileau à l'Hôtel de Ville devant 2.500 personnes. S'ils assurent fêter un "mariage d'amour", et non un "mariage militant", les deux hommes ont décidé de faire de leur mariage "un moment pour tout le monde". ""La cérémonie sera publique et ouverte à tous (...) avec un vin d'honneur citoyen", ont-ils expliqué sur BFM TV. Des annonces qui ne sont pas sans conséquence pour la gestion de la sécurité.
"Un événement exceptionnel". Frédéric Loiseau, le directeur de cabinet du préfet de l'Hérault, l'assure à Europe1.fr, il s'agit d'un "événement exceptionnel". "Nous sommes parfaitement conscients de la dimension exceptionnelle de cet événement, et nous avons pris des mesures de sécurité qui y correspondent", explique-t-il. "Notre souci est que notre dispositif soit le moins visible possible", précise-t-il aussi. Pour cela, la préfecture a travaillé "en étroite collaboration avec la mairie et les mariés" : "Nous n'avons pas pris de mesures coercitives, mais nous leur avons distillé quelques conseils". Et si la fête dégénère, Frédéric Loiseau prévient qu'il reprendra la main.
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La sécurité "parée à toute éventualité". Avec 50 à 100 policiers mobilisés, un escadron de gendarmerie en renfort, "et un autre si besoin", la préfecture est "parée à toute éventualité". S'il veut "laisser sa chance" au mariage de se dérouler sans accroc, Frédéric Loiseau a "prévu plusieurs scenarii" selon l'évolution de la journée. "Nous devons examiner toutes les solutions possibles, d'autant que les choses ne se sont pas très bien passées jusque là", commente encore le directeur de cabinet du préfet, qui se félicite au passage que "les mariés aient entendu ce message sécuritaire".
"Aucune menace précise". A moins de 24 heures de la célébration de ce premier mariage, "aucune menace précise" ne pèse sur l'événement. Les opposants sont "pour l'instant atones, c'est peut-être une stratégie délibérée", confie à Europe1.fr Frédéric Loiseau. Mais ce dernier en est sûr, "il y aura quelque chose". "Depuis le début, ce texte génère l'hostilité. Cela pourra se traduire par un mécontentement raisonnable, comme une agitation de drapeaux sans propos homophobes, ou par une franche hostilité". La police n'exclut pas non plus la possibilité d'actes isolés, comme cet homme qui a confié dimanche à France Bleu qu'il irait manifester à Montpellier "parce que les mariés ont fait de leur union un geste politique", rappelle l'AFP.
"Pas le moment ni le lieu pour agir". De son côté, le Bloc identitaire, bien qu'opposé au mariage gay, a confirmé à Europe1.fr qu'il n'avait "rien prévu" à Montpellier mercredi. "Je pense que ce serait contre-productif", a avancé Fabrice Robert, son président. "Ce n'est ni le moment, ni le lieu", a-t-il ajouté, précisant que le mouvement allait "continuer le combat à [sa] manière, notamment en interpellant l'UMP pour qu'elle s'engage à abroger la loi", a-t-il précisé. Malgré plusieurs tentatives, Europe1.fr n'a pu joindre La manif pour tous et le Printemps français, tous trois opposés au mariage gay, pour connaître leurs intentions. Aucun appel ne figurait sur chacun de leurs sites internet.
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Beaucoup, beaucoup de monde attendu. Ce premier mariage homosexuel va attirer du monde autour de l'Hôtel de ville, lieu unique des festivités. "Les mariés nous ont parlé de 2.500 personnes attendues", précise Frédéric Loiseau. Parmi elles, plus de 100 journalistes venus du monde entier, et Najat Vallaud-Belkacem. La porte-parole du gouvernement s'y rendra "en dehors de ses fonctions officielles" mais "avec l'accord du Premier ministre". Contacté par Europe1.fr, son cabinet précise que la porte-parole du gouvernement sera "accompagnée par un officier de sécurité, comme d'habitude". La sécurité personnelle de la ministre des Droits des femmes n'a donc pas été renforcée, malgré les risques de manifestations, voire de débordements. Annoncée un temps, Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la famille, a indiqué mardi qu'elle n'assisterait pas à l'union de Vincent et Bruno, estimant qu'on entrait là "dans l'ordre de l'intime".
Les députés socialistes contre la "scénarisation". A l'origine de cette réforme sociétale obtenue de haute lutte, les députés socialistes se sont élevés contre "la scénarisation" des premiers mariages homosexuels. "Nous ne souhaitons pas la scénarisation de la mise en oeuvre de la réforme. La loi est votée, les parlementaires ont permis un progrès de la société. Ce progrès appartient désormais à la société elle-même, appartient aux individus qui décideront de se marier. Qu'ils le fassent, qu'ils le fassent tranquillement", a déclaré Thierry Mandon, leur porte-parole.