Quelles chances pour Borloo en 2012 ?

© MAXPPP
  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
Europe1.fr passe en revue les atouts et les handicaps de Jean-Louis Borloo.

"La France est une grande cause, donc si mes amis le souhaitent, je suis prêt à l'incarner". Invité de l’émission A vous de juger jeudi soir, le président du parti radical a fait part de sa disponibilité en vue de 2012 et a laissé planer le doute sur une candidature à la présidentielle. L’occasion de passer au crible ses atouts et ses points faibles.

Il est en position de force face à l’UMP. L’époque où François Fillon lui donnait le doux qualificatif de "zozo" semble bel et bien révolue. Au sein du parti majoritaire, le moindre de ses faits et gestes est désormais scruté à la loupe et l’heure est à la flatterie du président du Parti radical. Jean-Louis Borloo a "une personnalité, une force, une créativité, un bilan hors du commun" a lancé, mercredi, dithyrambique, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé. C’est que la perspective d’une candidature Borloo inquiète désormais Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages. "Si Borloo est candidat, Nicolas Sarkozy ne sera pas au second tour de la présidentielle, pronostique le politologue et président de CAP (Conseils, analyses et perspectives) Stéphane Rozès.

Face au risque d’éclatement de la droite, les ténors de la majorité ont immédiatement appelé à "l’unité" et insister sur le sens de la "famille UMP". Même François Fillon y est allé de son couplet, appelant Jean-Louis Borloo à "l'unité ( …) une nécessité vitale", tout en affirmant "se reconnaître" dans les valeurs centristes.

Il est populaire. Jean-Louis Borloo fait partie des personnalités politiques les plus populaires, avec 60% d’opinions favorables dans le dernier baromètre Ifop/Paris-Match. "Ce qui est intéressant, c’est qu’il est populaire pour de vraies raisons", analyse le directeur du département opinion et stratégies de l'Ifop, Frédéric Dabi. Au-delà de son côté bon vivant sympathique, le président du Parti radical a "une image d’élu local très positive pour son travail à Valenciennes", où il a été élu maire à trois reprises. "Son bilan ministériel comme ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine, puis comme ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale est aussi bien perçu dans l’opinion", ajoute Frédéric Dabi.

La fibre sociale, c'est son affaire. Jean-Louis Borloo a fortement insisté jeudi soir sur sa fibre sociale. "Le parti radical a proposé d'organiser l'aile sociale, humaniste de la majorité", a t-il assuré, en référence à la confédération centriste en cours de construction à laquelle sa formation participe aux côtés du Nouveau centre, de la gauche Moderne et de l'Alliance centriste. L’ancien ministre est allé jusqu’à promettre une "alternative au PS et une alternative à l'UMP". "Face à l’UMP, il a une vrai carte à jouer sur ce terrain", pronostique Frédéric Dabi. "L’orientation prise par l’UMP depuis plusieurs mois, qui regarde à droite et à l’extrême droite, va forcément servir le centre et Jean-Louis Borloo", renchérit Stéphane Rozès.

Mais aura-t-il assez de soutiens ? Le président du Parti radical a affirmé jeudi soir que cela pourrait être "lui, si ses amis le soutiennent". Alors, qui roule aujourd'hui pour Borloo ? Au sein du gouvernement, Jean-Louis Borloo peut compter sur le soutien du ministre de la Ville Maurice Leroy. Et de celui, remarqué, de l’ancienne chouchoute de l’Elysée, Rama Yade. Outre ses fidèles Laurent Hénart et Valérie Létard, l’ancien maire de Valenciennes peut s’appuyer sur plusieurs élus de la majorité au sein du Parlement, où le Parti radical n'a pas de groupe : l'ex-sarkozyste Yves Jégo, les élus Nouveau Centre François Sauvadet, président du groupe NC à l'Assemblée, Jean-Christophe Lagarde, ou encore le sénateur de la Mayenne Jean Arthuis, président de l'Alliance centriste.

A l’inverse, il lui reste un an pour convaincre les députés Pierre Méhaignerie, Marc-Philippe Daubresse et Jean Leonetti qui se sont dissociés de son initiative, vendredi, refusant de rompre le contrat de législature qui les lie à l'UMP jusqu'en 2012. Mais, selon le politologue Stéphane Rozès, "la vague ou non de départs de l’UMP vers le centre dépendra du changement de stratégie au sein du parti présidentiel sur les sujets identitaires".