Qui est Cho Seung-Hui, cet étudiant à l'origine de la fusillade qui a fait 32 victimes lundi sur le campus de l'université technologique de Blacksburg, en Virginie ? A travers les témoignages des camarades et des professeurs de cet étudiant sud-coréen ainsi que les travaux écrits qu'il a réalisés dans le cadre de ses études d'anglais, se dessine une personnalité inquiétante dominée par la violence et le ressentiment. L'enseignante Nikki Giovanni, célèbre aux Etats-Unis pour ses poèmes, a déclaré sur CNN qu'elle avait insisté pour ne plus avoir Cho en cours en 2005 parce qu'il intimidait les autres élèves en les prenant en photo et en écrivant des poèmes obscènes et violents. "J'étais prête à démissionner plutôt que de continuer à faire cours avec lui. Il y avait quelque chose de mauvais chez ce garçon. Il y avait vraiment un trait de méchanceté chez lui", a-t-elle expliqué sur la chaîne de télévision américaine. Lucinda Roy, professeur d'anglais à Virginia Tech qui comptait Cho parmi ses élèves, a confié qu'elle était si inquiète qu'elle avait établi un code avec son assistante. Si elle prononçait le nom d'un professeur décédé, cette dernière devait immédiatement appeler à l'aide, rapporte le New York Times. Mercredi, on a appris que l'étudiant sud-coréen de 23 ans avait été interné dans un hôpital psychiatrique, fin 2005, après les accusations d'harcèlement de deux étudiantes. Par ailleurs, Cho Seung-Hui a envoyé des documents, des textes, des vidéos et des photos, à la chaîne de télévision américaine NBC. Un paquet visiblement daté de Blacksburg, lundi 16 avril 9h01. Le jeune homme avait émigré aux Etats-Unis avec sa famille il y a quinze ans et avait été élevé dans la banlieue de Washington. Lundi, il a ouvert le feu dans plusieurs salles de classe d'un bâtiment de l'université dont il avait condamné les portes à l'aide de chaînes pour empêcher les victimes de s'échapper. Il a abattu les étudiants méthodiquement les uns après les autres avant de se suicider. Cho a utilisé deux armes, qu'il avait achetées légalement, a rapporté la police. Il ne s'est arrêté de tirer que pour remplir son chargeur. Quarante-huit heures après la tuerie, de nombreux étudiants éprouvaient toujours un sentiment de colère à l'encontre de la direction de l'université qui n'a pas fait évacuer le campus après la première fusillade au West Ambler Johnston Hall, une résidence universitaire où deux personnes ont été abattues. Cette tragédie a relancé le débat sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. Le président George Bush, qui a assisté mardi à une cérémonie à Virginia Tech à la mémoire des victimes, a refusé d'évoquer la question. "Ce n'est pas le moment", a-t-il dit sur NBC. "Je préfère aider les gens à surmonter cette épreuve maintenant. Et c'est pourquoi nous sommes ici", a-t-il ajouté. Une veillée à la bougie a été organisée mardi à laquelle ont participé de nombreux étudiants encore sous le choc. Des messages de soutien aux proches des victimes et aux étudiants affluaient notamment sur internet, dont la tragédie a révélé qu'il était devenu le mode de communication privilégié de la jeune génération. Sur Facebook, un site communautaire semblable à Myspace très utilisé par les élèves des lycées, des écoles et des universités anglo-saxons, 236 groupes de discussions ont été créés en lien avec le drame de Virginia Tech. L'un d'eux s'appelle "I'm ok at VT", (je suis à Virginia Tech, je vais bien) et a été utilisé par les étudiants juste après le drame pour informer leur famille qu'ils allaient bien ou pour obtenir des informations sur leurs amis.