"Si j’étais candidate, bien sûr, je ne serai plus première secrétaire". C'est ce que confiait en août 2010 Martine Aubry au journaliste David Revault d'Allonnes, dans le livre Petits meurtres entre camarades. Maintenant que cette hypothèse est en passe de se concrétiser, la numéro un du PS tarde à faire savoir si elle laissera son poste vacant.
Pas un mot sur la question mardi matin lors du conseil politique du PS. Pourtant, les circonstances de l'affaire DSK ne laisse presque plus de doute sur les intentions de la patronne de se porter candidate à la primaire socialiste. Harlem Désir, numéro deux du parti, pourrait alors prendre le relais. Mais les autres ténors veulent, eux aussi, peser dans la direction. Les jeux de pouvoir ont déjà démarré rue de Solférino.
"Le bilan d’Harlem Désir parle pour lui"
Pour nommer un nouveau premier secrétaire, les statuts du parti prévoient une élection "à bulletin secret par l’ensemble des adhérents de la fédération, en Assemblées générales de section, après le Congrès national". Et le texte précise qu’ "en cas de vacance du poste de Premier(e) Secrétaire fédéral(e), les adhérents votent dans les mêmes conditions".
Mais l’organisation d’un congrès, alors que le parti peine déjà à mettre en place la primaire, paraît peu probable. Il faudra donc assurer l’intérim, entre le 28 juin, date de dépôt des candidatures, et la primaire, dont le deuxième tour doit avoir lieu le 16 octobre. Le bras droit de Martine Aubry, Harlem Désir, pourrait ainsi prendre la succession temporaire.
"Égalité de traitement entre les candidats"
"Les grands dirigeants du parti n’ont aucun problème avec le nom d’Harlem. Il a des échanges avec chacun d’entre eux", assure à Europe1.fr un membre de la direction du parti. "Son bilan parle pour lui. Il a fait le job de coordination pendant trois ans", fait-on valoir rue de Solferino. Mais le numéro 2 du parti pourrait être en mal de légitimité face aux autres poids lourds de la machine socialiste.
A commencer par les proches de DSK, qui ne devraient pas se contenter d’un seul et même nom. Et les autres candidats en lice entendent aussi avoir leur rôle à jouer. "Il faut que nous trouvions une décision qui fasse consensus et qui garantisse l’égalité de traitement entre les candidats et la neutralité de la direction", plaide Guillaume Garot, proche de Ségolène Royal, contacté par Europe1.fr. "L’important, c’est que l’ensemble des socialistes se sentent représenter dans cette direction", insiste le député-maire de Laval.
"Pas d’esprit partisan"
Et si quelqu’un devait être nommé, il faut que ce soit "une personnalité qui n’est pas marquée par sa proximité avec un candidat", prévient Guillaume Garot. Ségolène Royal avait déjà suggéré le nom de Louis Mermaz, ancien ministre et sénateur de l’Isère. Une proposition restée sans suite.
Dans l’entourage de François Hollande aussi, on plaide pour une direction représentative. "Dans cette phase de transition, le parti doit être à la disposition de tous, sans esprit partisan. On ne peut pas confisquer le PS alors qu’on prépare les primaires", met en garde Stéphane Le Foll, bras droit du président du conseil général de Corrèze.
Mais avant qu’une direction ne se mette en place, encore faut-il que Martine Aubry officialise sa candidature. Il ne lui reste plus que quelques jours pour le faire.