C’est ce qui s’appelle un recadrage. Au lendemain de la polémique initiée sur le RSA par le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, le Premier ministre, François Fillon, a appelé à ne pas dénigrer le bilan du quinquennat.
"Je ne suis pas sûr qu'il faille faire subir à toutes les réformes le sort qu'on a fait subir au bouclier fiscal", en passe d'être supprimé à l'occasion de la réforme fiscale, a déclaré le Premier ministre selon des participants à la réunion hebdomadaire à huis clos du groupe UMP à l'Assemblée à laquelle Laurent Wauquiez ne participait pas.
"Il ne faut pas qu'on s'ingénie à détruire le bilan" du quinquennat de Nicolas Sarkozy et "nous ne devons pas jeter le discrédit sur la réforme du RSA", a exhorté le chef du gouvernement.
Les "grossières erreurs" de Wauquiez
Roselyne Bachelot n’a pas manqué aussi de remettre les pendules à l’heure. La ministre des Solidarités a réaffirmé qu'elle était "la seule ministre" en charge du dossier, tout en dénonçant les "grossières erreurs" de Laurent Wauquiez sur les chiffres du RSA.
"C'est quand même étrange que ce soit Mme Le Pen qui soutienne la réforme", a-t-elle ironisé. Roselyne Bachelot s'est cependant fait huer quand elle a lancé : "faisons attention à certains discours de beaufitude et aux propos de comptoirs...". Des "hou!" et des "c'est scandaleux !", ont fusé dans la salle Colbert.
Une véritable joute verbale a alors commencé dans les rangs de la majorité. "Ce n'est pas ce qu'on entend dans les comptoirs mais c'est la réalité!", a lancé le ministre du Travail, Xavier Bertrand à Roselyne Bachelot. "La valeur travail est un vrai sujet. Il faut aussi le traiter", a-t-il répliqué à sa collègue.
Copé et Bertrand, alliés inattendus
Xavier Bertrand a d’ailleurs reçu un soutien inattendu en la personne de Jean-François Copé. "Xavier a raison. C'est un vrai sujet. Nous devons en parler à la convention UMP sur la justice sociale le 8 juin", a-t-il souligné.
Très tendu, François Fillon a sonné la fin de la récréation. "Il y a des limites au débat au sein du gouvernement! J'ai exprimé la position du gouvernement... Nous revendiquons la réforme du RSA. Il faut corriger les excès du RSA mais assumer la décision que nous avons prise", a affirmé le chef du gouvernement visiblement agacé.
"Il faut bien sûr lutter contre les fraudes, c'est ce que fait le gouvernement ! Je ne peux pas laisser dire des contre-vérités sur le RSA. Sur les conditions d'attribution, il faut cinq ans de présence en France pour pouvoir en être bénéficiaire", a conclu François Fillon.