Une petite phrase qui fait l’effet d’une bombe, un recadrage en bonne et due forme, l’intéressé qui confirme ses propos polémiques avant d’opérer un rétropédalage. Voilà en résumé le feuilleton "RSA" qui a agité la classe politique cette semaine avec Laurent Wauquiez, dans le rôle titre.
Dimanche. Wauquiez jette un pavé dans la mare. Le chef de file de "La Droite sociale" à l'UMP, annonce qu'une proposition de loi sera déposée d'ici dix jours en vue de plafonner les minima sociaux à 75% du Smic en cas de cumul d'allocations. Le ministre préconise également d'imposer cinq heures hebdomadaires de travaux d'intérêt général en contrepartie du RSA, pour marquer l'écart avec "celui qui travaille". L’objectif est de lutter contre "les dérives de l'assistanat" qui constituent, selon le ministre, "le cancer de la société française".
Mardi. Fillon tance Wauquiez. Lors de la réunion hebdomadaire des députés UMP, François Fillon invite élus et dirigeants de la majorité à ne pas critiquer les réformes emblématiques du quinquennat. "Il faut faire attention à ne pas se tirer une balle dans le pied", lance le Premier ministre, selon des participants, estimant qu'il y avait là un "vrai débat" mais qu'il "y avait des limites au débordement entre membres du gouvernement".
Mercredi. Wauquiez recadré par Sarkozy. Après 48 heures de déchirements au sein de la majorité UMP, Nicolas Sarkozy élève le ton, mercredi, en Conseil des ministres, en rappelant "l'absolue priorité" de rassembler la société plutôt que d'entretenir ses divisions. Le chef de l'Etat salue le "bilan exceptionnel" du dispositif de lutte contre la pauvreté qu'est le RSA. Et "en terme de forme et de méthode, demande à chaque ministre de rester dans son secteur".
Jeudi matin. Wauquiez persiste et signe. Dans une interview accordée au Progrès, Laurent Wauquiez enfonce le clou au risque de susciter une nouvelle polémique, malgré le recadrage opéré la veille par Nicolas Sarkozy et François Fillon. "On a froissé le politiquement correct" mais "j'ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas", déclare le ministre des Affaires européennes. Avant d’ajouter, n’hésitant pas à en appeler au peuple : "Je suis convaincu qu'une majorité de Français ressent cela sur le terrain".
Jeudi après-midi. Wauquiez annonce qu’il se "taira". En moins de 24 heures, Laurent Wauquiez opère un rétropédalage. Dans un communiqué à l’AFP, le ministre des Affaires européennes, dit regretter "l'interprétation de ses propos" sur le RSA et affirme qu'il se taira sur le sujet jusqu'à une prochaine convention de son parti, l'UMP consacrée à ce thème, le 8 juin prochain. "Les récentes propositions, faites par la Droite sociale, sur les questions de justice sociale ont suscité de nombreuses réactions au sein de la majorité. Comme je l'ai dit ce matin au Premier Ministre, nous regrettons que ces propos aient été interprétés comme une remise en cause du RSA", fait valoir le ministre. "Par respect de la cohésion gouvernementale, je ne m'exprimerai plus sur le sujet jusqu'à la convention UMP du 8 juin, où dans le cadre de mes fonctions à l'UMP, je prendrai activement part au débat pour expliquer nos convictions", conclut le ministre.