"S'il y a un accord politique, si la victoire peut dépendre de lui, s'il y a des possibilités d'entente et d'accord politiques et programmatiques, je ne vois pas pourquoi ce serait a priori à exclure". Invité de Public Sénat, Jean-Pierre Raffarin a jugé mardi que François Bayrou avait "les capacités" d'être Premier ministre. Certes, l'hypothèse peut prêter à sourire tant l'auteur d' Abus de pouvoir - dénonçant en Nicolas Sarkozy un "enfant barbare"-, n'a eu de cesse au cours des cinq dernières années de critiquer le président sortant. Pourtant, le scénario mis en avant par l'ex-Premier ministre n'est pas si anodin. A l'approche du premier tour de la présidentielle, proches et soutiens de Nicolas Sarkozy multiplient, ces derniers temps, les tentatives de séduction envers le centriste François Bayrou, qui stagne dans les sondages.
Bayrou "a les capacités"
Pour Jean-Pierre Raffarin, le rassemblement de la gauche au soir du premier tour appelle clairement la nécessité d'un rapprochement Sarkozy-Bayrou. "Plus Monsieur Mélenchon tire la campagne à gauche, plus les terres du centre se trouvent libérées" en vue du second tour "pour des initiatives d'ouverture de la droite", considère le sénateur UMP.
Et l'ancien giscardien de poursuivre son raisonnement : "quand on cherche à rassembler, il faut bien envisager des rassemblements. Est-ce qu'il peut y avoir un accord programmatique ? Oui. Est-ce que Monsieur Bayrou a les capacités d'exercer cette responsabilité ? Oui. Est-ce qu'on aura les circonstances qui le permettront ? Je n'en sais rien", a-t-il expliqué, en soulignant de "vraies proximités" entre les deux hommes.
Interrogé sur le fait que le président-candidat avait peut-être déjà promis Matignon à d'autres prétendants, Jean-Pierre Raffarin a par ailleurs glissé, en souriant : "les promesses n'engagent que ceux qui y croient".
Pour Pécresse, "tout est possible"
Déjà lundi dernier, la ministre du Budget Valérie Pécresse avait laissé entendre au "Talk" Orange-Le Figaro que le député béarnais pourrait devenir le Premier ministre de Nicolas Sarkozy si ce dernier est réélu : "tout est possible", avait-elle admis. Et l'actuel locataire de Matignon de renchérir sur France inter jeudi dernier : "je souhaite qu'il mène sa campagne et que de part et d'autre on ne commette rien d'irréparable pour pouvoir parler ensemble après le premier tour", avait prôné François Fillon.
"Tentative de diversion"
Mais si pour Yvan Lachaud, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée, la logique d'un ralliement à Nicolas Sarkozy s'imposera naturellement à François Bayrou, ce dernier reste inflexible. "Je ne suis pas attirable", répète-t-il à bout de son champ. Sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez, ne veut pas être dupe et voit dans cette "drague " de l'UMP une simple "tentative de diversion", "des œillades pour endormir" le MoDem.
Mais dans l'hypothèse où il n'accèderait pas au second tour, François Bayrou l'a assuré l'été dernier à des journalistes : il fera "un choix clair" entre les deux candidats arrivés en tête au premier tour. En 2007, le "troisième homme" du scrutin avait refusé de choisir clairement entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.