Rama Yade doit se tenir à carreau. C'est le message très clair qui lui a été adressé mercredi matin par François Baroin. "Il y a des obligations de réserve qui sont imposées à tous les représentants de la France qui ont le titre d'ambassadeur. Cette obligation de réserve, elle s'impose à tout le monde, y compris à celles et ceux qui ont eu jusqu'à présent une trajectoire politique", a dit le porte-parole du gouvernement, solennellement, à l’issue du Conseil des ministres.
"Je crois que le message a été passé très clairement passé à l'intéressée", a précisé François Baroin à l’attention de Rama Yade. "Il me semble important pour elle que ce message soit entendu si elle souhaite poursuivre une carrière d'ambassadeur", a conclu François Baroin de façon cinglante.
Son franc-parler a toujours agacé l’UMP
Cette mise au point intervient en écho de la dernière déclaration de Rama Yade. Ces derniers jours, elle s'était dite "pas du tout inquiète" quant à l'éventualité d'être privée de son poste d'ambassadeur de l'Unesco, en assurant qu'elle "existai(t) avant" et qu'elle "existerai(t) après".
Il faut dire qu'avec son franc-parler, Rama Yade agace depuis longtemps une partie de l'UMP. Parmi ses plus célèbres : "La France n'est pas un paillasson", sorti à l'occasion de la visite à l'Elysée du colonel Kadhafi. Son récent départ de l'UMP pour suivre Jean-Louis Borloo n’a pas arrangé les choses.
Sur Europe 1 mercredi matin, Nadine Morano avait déjà taclé Rama Yade. la ministre en charge de la Formation professionnelle avait déclaré à propos de Rama Yade qu'il y avait deux façons de servir la France : comme haut fonctionnaire avec un "devoir de réserve", ou avec un engagement politique. "Mais vous ne pouvez pas cumuler les deux : il faut faire un choix !", avait-elle insisté.
Un rappel à l’ordre vain ?
Mais plusieurs éléments laissent à penser que l'avertissement de François Baroin n'aura que peu d'effets, selon les informations recueillies par Europe 1. Rama Yade n'a en effet jamais eu l'habitude d'obtempérer à ce genre de rappel à l'ordre, même du temps où ils émanaient du chef de l'Etat en personne. Il n'y a par ailleurs pas de mouvements importants d'ambassadeurs prévus et le ministère des Affaires étrangères, compte tenu de la situation internationale tendue, a d'autres priorités.
Enfin, si elle était "démissionnée" contre son gré, nul doute que, dans le rôle dans la victime, Rama Yade en tirerait un bénéfice politique. Ce que veut à tout prix éviter l'Elysée.