L’INFO. Pour atteindre son objectif de réduire de 50 milliards d’euros les dépenses publiques d’ici 2017, François Hollande a avancé une piste de réflexion : diminuer le mille-feuille administratif, notamment en abaissant le nombre de régions, alors que la gauche en détient 21 sur 22. "Notre organisation territoriale devra également être revue. Cette année en 2014, nous devons en terminer avec les enchevêtrements et doublons", a lancé le chef de l’Etat lors de sa grande conférence de rentrée, mardi dernier.
La boulette. Thierry Mandon, codirigeant du conseil de la simplification voulu par le président, a d’ores et déjà esquissé la réforme territoriale souhaitée par ce dernier. "Dans l'idée, c'est une quinzaine" de régions, a-t-il précisé mercredi. "C'est sept de moins, cela fait quand même 30% de régions en moins", a ajouté le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée en se fondant sur le nombre des régions métropolitaines (il y en a aussi 4 en outre-mer).
Problème : selon les informations d’Europe 1, le député de l’Essonne a été plus vite que la musique. Au cabinet de Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique en charge du dossier, on passe son temps à déminer le dossier. Car c’est précisément l’inverse de la méthode que souhaitait utiliser le président. François Hollande connaît les élus mieux que personne, et sait bien qu’une réforme décidée par Paris et imposée par le haut braquerait immédiatement les barons locaux. Les premières réactions ne lui donnent pas tort.
Déjà des mécontentements. Les présidents concernés ne sont, pour l’heure, pas franchement convaincus des bienfaits d'une telle opération. A la tête de la région Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol (PS) dit n'avoir "pas de tabou" mais résume ainsi sa position: "Oui aux coopérations utiles" autour des "projets concrets en cours, non aux spéculations administratives". L'élu pose une autre condition : consulter la population "par référendum". Aux commandes de l'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon (PS) pose quant à lui comme préalable "une concertation étroite des état-majors et des populations".
Le président de l'Association des régions de France, Alain Rousset (PS, photo), ne dit pas autre chose. Mais lui pointe un autre souci pour mettre en place ce qu’il considère comme "une veille idée technocratique" : "le problème, c'est la puissance de feu, pas la taille. En Espagne, le Pays basque a un budget de 10 milliards d'euros, l'Aquitaine, que je préside, de 1,4 milliard".
Dernier grief avancé : certaines régions n’ont pas besoin de s’agrandir pour peser davantage, autre argument avancé par l’exécutif pour justifier son projet. "Je ne me sens pas concerné. Pourquoi nous chercherait-on des poux, alors qu'on pèse l'équivalent du cinquième Lander allemand", rétorque ainsi Christian Bourquin, patron du Languedoc-Roussillon. Son collègue rhônalpin Jean-Jack Queyranne (PS) rappelle lui aussi que "Rhône-Alpes est déjà une région de taille européenne aussi grande que la Suisse, elle fait partie du top 10 des régions européennes".
Quid de l’étranger ? Parmi les partisans du statu quo, un argument revient : dans les pays en bonne santé, on s’appuie fortement sur l’échelon régional... alors que l'exécutif loue la puissance des Länder allemands. C’est ce qu’a avancé Alain Rousset au micro d’Europe 1 : "regardez les pays qui réussissent le plus : ce sont les pays d’Europe du Nord. Vous savez combien il y a de régions au Danemark ou en Suède, des pays de cinq à six millions d’habitants ? Vingt à chaque fois !", a lancé le président de l'Association des régions de France. Dit autrement : si ça marche eux, ne changeons rien chez nous !
Sauf que le député de la Gironde a oublie de réviser ses fiches depuis quelques années, ce qu’a démontré Laurent Guimier dans son Vrai-Faux de l’info, jeudi matin sur Europe 1 : "en Suède, s’il y a bien 21 comtés, il n’y en a que cinq au Danemark, où une grande réforme territorial vient d’avoir lieu."
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