La phrase à retenir. "Je n'ai pas la maîtrise du calendrier parlementaire, mais une telle réforme, qui a agité et mobilisé à ce point, doit pouvoir être discutée dès que possible par la représentation nationale. Je ne vois pas quels arguments pourraient s'y opposer". Dans une interview au Monde publiée samedi, la ministre de la Justice Christiane Taubira explique son souhait d'aller vite sur la réforme pénale… s'opposant une nouvelle fois à son collègue de l'Intérieur Manuel Valls.
Le contexte. Après avoir obtenu l'arbitrage favorable de François Hollande sur le contenu de la future loi pénale, Christiane Taubira entame un deuxième bras de fer avec le locataire de la Place Beauvau sur le calendrier de la future loi pénale. Vendredi, Manuel Valls a en effet assuré que le texte serait examiné après les municipales de mars 2014. Impensable pour la Garde des Sceaux. Retarder sa mise en oeuvre en attendant de laisser passer les municipales "serait non seulement de l'irrespect envers nos concitoyens, mais une faute éthique et une erreur politique", estime Christiane Taubira. Manuel Valls appréciera.
A Hollande de trancher. Le projet de loi qui créé une peine de probation doit être présenté en Conseil des ministres le 2 octobre, mais il n'est pas inscrit à l'ordre du jour du Parlement, fixé jusqu'à la fin de l'année. François Hollande prendra t-il le risque de faire passer cette réforme hautement sensible avant les municipales ? Rien n'est moins sûr. En attendant, à sept mois des élections, la ministre de la Justice est prête à mener la bataille pour convaincre du bien fondé de sa réforme. "Je ne suis pas du genre à craindre, mais à livrer toutes les batailles nécessaires, à aller sur le terrain pour expliquer aux gens ce qu'a fait la gauche. On est sûr de perdre que les batailles qu'on ne livre pas (...) Il ne faut pas aborder les municipales avec paresse", insiste la ministre de la Justice.
Un problème, quel problème ? A propos des différences d'appréciation qu'elle a eues avec son collègue de la place Beauvau, Christiane Taubira assure que les deux ministres ont "été très attentifs à ne pas rejouer un énième épisode de l'affrontement police-justice" et que les questions de personnes "importent peu": "On rit, on se dispute, on s'embrasse... C'est sans intérêt", dit-elle au Monde.