La phrase. "Je suis d'accord avec ce texte à 90%, on a fait un procès en sorcellerie à Christiane Taubira, mais au fond cette loi aurait pu être portée par Rachida Dati ou Michèle Alliot-Marie (anciennes ministres UMP de la Justice, NDLR)". Qui apporte ainsi son soutien à la garde des Sceaux sur la réforme pénale ? Un élu PS ? Non, contre toute attente, c'est le sénateur UMP Jean-René Lecerf, spécialiste des questions pénitentiaires, qui se fait le meilleur avocat de Christiane Taubira. Dans une interview à Libération paru lundi, le parlementaire se dit "d'accord à 90%" avec le projet de loi controversé sur la prévention de la récidive et l'individualisation des peines, qui sera débattu à l'Assemblée à partir du mois de juin.
"Tenter de préparer une vie exempte de récidive". Cette réforme, très critiquée à droite, prévoit la création d'une nouvelle peine de probation, dite "contrainte pénale", prononcée pour des délits passibles de cinq ans d'incarcération maximum et qui soumet le condamné à des obligations et des contrôles. "La peine, c'est bien sûr l'indemnisation de la victime, mais c'est aussi tenter de préparer une vie exempte de récidive", souligne Jean-René Lecerf alors que le nombre de prisonniers en France a franchi un nouveau record début avril, avec 68.859 personnes incarcérées, soit un taux d'occupation de 119,38% par rapport au nombre de places disponibles.
Prêt à "aider au vote de ce texte". Interrogé sur l'attitude contestataire de sa famille politique sur la réforme, le sénateur du Nord, qui se dit prêt à "aider au vote de ce texte", juge que "présenter cette loi comme laxiste, c'est de la folie furieuse. (...) Il est tellement facile de dire 'laxisme' en espérant toucher des électeurs égarés vers les extrêmes".
INTERVIEW E1 - Taubira : la réforme pénale n'est pas "une fantaisie personnelle"
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ÉDITO - Taubira passe, la réforme pénale trépasse ?