"Nous allons entrer en résistance" car "c’est exactement l’inverse de ce que tout le monde voulait." Mardi sur Europe 1, Dominique Bussereau, qui préside le Conseil général de la Charente Maritime, ne décolérait pas contre la fusion annoncée du Poitou-Charentes avec le Centre et le Limousin. Et l’ancien ministre UMP des Transports n’est pas le seul déçu par la réforme territoriale dévoile lundi par François Hollande. A gauche aussi, bien que Manuel Valls ait tenté de déminer le terrain mardi matin sur RMC, des voix s’élèvent déjà.
>> Auvergne, "la résistance"
René Souchon (photo) a choisi des mots forts. Pour le président socialiste de l’Auvergne, la fusion annoncée avec Rhône-Alpes va entraîner "un éclatement" de sa région, et en plus sans aucune économie à la clé. Lui plaidait depuis des mois pour un rapprochement avec le Centre et le Limousin, mais il n’a pas été entendu. "Il y a une décision qui est prise, on va l'assumer. Ceci dit, est-ce que c'est la bonne décision? Ça ne sert à rien d'épiloguer. Moi j'ai toujours dit que je voulais préserver l'intégrité de l'Auvergne", a-t-il regretté sur France Bleu Pays d'Auvergne, avant de montrer plus menaçant : "il y aura la résistance des députés du Cantal (...) et il y en aura d'autres. Vous ne pouvez pas avoir une région qui aille de Maurs-La Jolie près de Figeac au tunnel du Mont-Blanc, où il faut 7h30, 8 heures pour y aller".
>> Languedoc Roussillon, "l'humiliation"
Christian Bourquin (photo) lui aussi voulait marquer les esprits. Le rattachement de sa région à celle de Midi-Pyrénées est "une humiliation." Le président divers gauche de la région Languedoc-Roussillon trouve injuste la décision du chef de l’Etat. "Pas une seule région en France n’a su se rendre attractif à ce point ! Languedoc-Roussillon est la région qui crée le plus d'emplois, 30 000 l'an dernier. Parce qu'il y a eu un gros travail économique. Alors bien-sûr il y a des échecs, mais pourquoi casser ce qui marche ? On est reconnu à l’international dans plusieurs domaines, au niveau européen aussi et Paris serait muet par rapport au Languedoc-Roussillon ? C’est cela qui me pose problème", a-t-il lancé sur France 3 Languedoc-Roussillon, avant de conclure, cette fois sur BFMTV : "on punit les bons élèves !"
>> Picardie, "un nouveau jeu télévisé"
Chez Claude Gewerc (photo), c’est l’incompréhension et la stupeur qui dominent. Le président socialiste du conseil régional de Picardie, qui va fusionner avec la Champagne-Ardennes, "ne comprend pas bien la cohérence" de ce choix, d’autant qu’il s’était entretenu avec Bernard Cazeneuve sur ce sujet quelques heures plus tôt et à ce moment, "trois hypothèses" étaient sur la table : "Normandie-Picardie, Picardie-Nord/Pas-de-Calais et Picardie-Champagne-Ardennes-Lorraine, cette dernière n'ayant pas ma préférence".
"Mais cette fusion avec la Champagne-Ardennes, elle n'a jamais été évoquée", assure-t-il, en précisant qu'il avait lors, de cette conversation, suggéré à Bernard Cazeneuve que "la Picardie, 12e région par sa population de près de deux millions d'habitants reste seule, bref le statu quo". Et de conclure, mi-ironique mi-vachard : "c'est un nouveau jeu télévisé qu'on pourrait intituler 'surprise, surprise'".
>> Loire-Atlantique, "révoltant"
L’Ouest du pays a causé bien des tourments à François Hollande. Sous la pression de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense et ancien président de la région, la Bretagne reste "indépendante", tout comme les Pays de la Loire, alors que Jean-Marc Ayrault avait plaidé pour une fusion des deux. L’ancien Premier ministre n’est pas le seul mécontent de la décision du chef de l’Etat. Le président PS du Conseil régional de Bretagne, Pierrick Massiot (photo), a ainsi plaidé mardi pour que les habitants de Loire-Atlantique puissent se prononcer sur un rattachement de leur département à la Bretagne. "Le président de la République indique que sa réforme va impacter l'architecture territoriale pendant des décennies. Raison de plus pour ne pas laisser passer cette occasion" de réunir à la Bretagne à la Loire-Atlantique, a-t-il estimé lors d’une conférence de presse.
Christian Troadec, leader des "bonnets rouges" et maire divers gauche de Carhaix, a quant à lui dénoncé une décision "révoltante" et"un nouveau mauvais coup porté à la réunification de la Bretagne", avant d’appeler à "la résistance" et à "s'organiser".
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