Non, la réforme territoriale ne suscite pas seulement la colère des élus locaux. Si nombre de conseillers régionaux ou généraux ont fait part de leur colère face à ce big-bang censé simplifier le "mille-feuille territorial" français, en Alsace et en Lorraine, on se dit prêt à négocier pour une fusion des deux Régions. Alors même que les deux présidents ne sont pas du même bord politique. L’un, l’Alsacien Philippe Richert, est le seul élu UMP à présider une région métropolitaine. L’autre, le Lorrain Jean-Pierre Masseret, est membre de l’aile gauche du Parti socialiste.
"Ce pays crève d'oppositions complètement artificielles". Le "mariage" entre Alsace et Lorraine, préconisé par le gouvernement dans son projet de réforme territoriale, est le seul à concerner des régions actuellement dirigées par des majorités politiques différentes, l'Alsace étant la seule région de France métropolitaine aux mains de la droite. Mais pour Jean-Pierre Masseret, qui s’exprimait vendredi lors d'une conférence de presse commune avec son homologue alsacien organisée à Wingen-sur-Moder, un village du Bas-Rhin tout proche de la "frontière" entre les deux régions, "qu'on soit de sensibilité différente n'a pas d'importance".
"Ce pays crève d'oppositions de bloc contre bloc complètement artificielles. Nous avons la volonté de dépasser ces postures politiciennes, qui ne sont pas dignes de ce que nous devons à nos concitoyens", a observé le président lorrain. "Le gouvernement prépare un texte, et quoi qu'on pense du gouvernement, je suis républicain! Le jour où le texte sera voté, j'aurai à l'appliquer", a renchéri Philippe Richert (photo) , soulignant que chacun devait "accepter de regarder le fond des dossiers même s'ils ne viennent pas de son propre camp".
Au nom de "l'intérêt général". Car les deux présidents sont, en tous cas sur la fusion, sur la même longueur d’onde. "Pour nous, l'Alsace-Lorraine c'est plutôt cohérent, alors on avance", a résumé Jean-Pierre Masseret. "Je ne suis pas un enthousiaste de cette réforme, je ne dis pas qu'elle est incontournable et je peux en critiquer maints aspects, mais l'objectivité nous amène à dire ‘regardons sur le fond’", a commenté de son côté Philippe Richert, qui a insisté sur sa volonté de "dialoguer, pour l'intérêt général".
"Réorganiser nos collectivités pour que notamment les régions soient plus fortes, c'est une priorité. C'est les décennies à venir que nous préparons", a encore observé le président alsacien, qui s'était fortement engagé l'an dernier en faveur d'un projet avorté de fusion entre la région et les deux départements alsaciens. "Si on met ensemble le PIB de la Lorraine et celui de l'Alsace, on est largement au dessus de 100 milliards, ça commence à compter! C'est plus que le PIB de certains pays européens", a-t-il souligné.
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