C'est un remaniement bien plus large que prévu qui a été annoncé mercredi. Pour remplacer directement Christine Lagarde, qui doit prendre ses fonctions au FMI, c'est le ministre du Budget François Baroin qui a été désigné mercredi ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Une nomination finalement sans grande surprise. Mais au-delà, le gouvernement est par ailleurs étoffé par l'arrivée de trois nouveaux centristes et du nouveau en politique David Douillet.
Parmi les satisfaits donc , le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, qui s'est réjoui mercredi de la nomination au gouvernement de "son ami" François Sauvadet comme ministre de la fonction publique.
Mais pour l'opposition et certaines voix au centre, ce remaniement laisse perplexe. Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a qualifié le remaniement ministériel de ce mercredi de "ènième remaniement avec les mêmes" . Pour le député PS Pierre Moscovici, le remaniement ministériel a un "parfum de tambouille électoraliste absolument invraisemblable". "Semble-t-il, on a vécu un psychodrame. C'est quand même incroyable qu'un ministre important - j'ai une estime pour François Baroin- soit capable de s'imposer au président de la République qui en aurait voulu un autre !", s'est exclamé le secrétaire national du parti.
Une "distribution de hochets"
Autre point critiqué, le ministère des Affaires européennes. Christophe Caresche, vice-président socialiste de la commission des Affaires européennes, a relevé mercredi que "le ministère des Affaires européennes est en passe de devenir la variable d’ajustement des remaniements ministériels". Jean Leonetti devient "le cinquième ministre à occuper ce poste depuis 2007". "Cela signifie que chacun des ministres concernés a exercé cette fonction moins d’un an en moyenne", écrit le député de Paris dans un communiqué.
Pour Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes, le remaniement ministériel intervenu mercredi "se résume à une ultime distribution de hochets en cette fin de mandature". Ce remaniement "est l'expression d'un savant dosage dont la vocation est de tenter d'élargir le spectre des soutiens au président de la République", affirme Roland Muzeau dans un communiqué
La nomination de Douillet "choquante"
Pour certains centristes, le compte n'y est pas non plus. "Affligeant", c'est le sentiment du sénateur centriste Hervé Maurey qui a estimé mercredi que Nicolas Sarkozy avait "(cédé) aux caprices plutôt qu'aux compétences". La succession de Christine Lagarde "a donné lieu a un psychodrame entre "bébés Chirac", a déclaré le sénateur du Nouveau Centre dans un communiqué. Ce dernier fait référence à la bataille que se sont livrée François Baroin et Bruno Le Maire.
L'"écolo-centriste", Corinne Lepage a exprimé sa surprise après la nomination de David Douillet. "(...) la création d’un secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères chargé des Français de l’étranger, avec David Douillet, (...), c’est un poste dont on ne voit pas très bien l’objectif, si ce n’est de préparer l’élection pour l’UMP. Je trouve ça un peu choquant. C’est la première fois qu’on va avoir des députés des Français de l’étranger élus, avec un nouveau système", a-elle fustigé.
Pendant ce temps, l'ancien judoka savoure l'instant, et s'est dit "fier de servir (son) pays", à l'issue d'un entretien à Matignon avec François Fillon.