Le nouveau gouvernement Fillon, présenté dimanche soir, se déleste des centristes Jean-Louis Borloo, et Hervé Morin, et laisse la part belle à de purs chiraquiens. Alain Juppé, ministre de la Défense et des Anciens combattants, ainsi que Michèle Alliot-Marie, nommée aux Affaires étrangères et européennes, mais aussi François Baroin maintenu au budget, et promu porte-parole du gouvernement : le nouveau gouvernement a comme un air de RPR. Un choix clair de Nicolas Sarkozy envers des gaullistes convaincus, et un virage assumé à droite.
Juppé, le trophée
Le symbole d’un retour à la chiraquie est la nomination d’Alain Juppé comme numéro 2 du gouvernement. A 65 ans, il revient vers le président de la République, trois ans après son départ du premier gouvernement Fillon. Déjà nommé numéro 2 du gouvernement en mai 2007, à la tête d’un grand ministère de l’Ecologie, il avait dû quitter son poste quelques semaines plus tard, battu aux élections législatives.
Son retour sonne donc comme une revanche, et apparaît comme un "beau coup" pour Nicolas Sarkozy. Le maire de Bordeaux, surnommé "le meilleur d’entre nous" par Jacques Chirac, n’avait pourtant guère ménagé Nicolas Sarkozy ces derniers mois. Ses critiques envers la politique de Nicolas Sarkozy ont été nombreuses, notamment sur sa "méthode" et ses accents sécuritaires.
Alliot-Marie renforcée
De son côté, Michèle Alliot-Marie décroche un nouveau ministère régalien, après huit années au gouvernement. Gaulliste et européenne convaincue, "MAM" quitte la justice pour les Affaires étrangères, à 64 ans. Première femme à avoir présidé le RPR, la vice-présidente de l’UMP est une fidèle de Jacques Chirac, et a fait toute sa carrière politique au RPR, depuis son premier mandat à Ciboure, dans les Pyrénées-Atlantiques, en 1983.
L’entrée au gouvernement du compagnon de Michèle Alliot-Marie, Patrick Ollier, est aussi une façon de récompenser les fidèles chiraquiens. Nommé ministre des relations avec le parlement, ce député UMP des Hauts-de-Seine, a lui aussi construit sa carrière politique au RPR, avant, comme sa compagne, de devenir une des figures de l’UMP.
Baroin, incarnation de l’austérité
François Baroin, qui avait symbolisé en mars dernier l’"ouverture" de Nicolas Sarkozy à la chiraquie est conforté dans ses fonctions. Le maire de Troyes, âgé de 45 ans, conserve son poste de ministre du Budget et devient porte-parole du gouvernement. Tout un symbole pour ce "filleul" politique de Jacques Chirac, qui avait même été annoncé comme "Premier ministrable" il y a quelques semaines.
A la fin de la présidence Chirac, c’est lui qui succède à Nicolas Sarkozy, à l’Intérieur, le temps de la campagne présidentielle, en 2007. D’abord voix dissonante au sein de la majorité, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, il s’est fait apprécier du président de la République, jusqu'à incarner sa politique d’austérité, et l’effort de réduction du déficit public de la France.
Autre chiraquienne, Marie-Anne Montchamp a été nommée secrétaire d’Etat aux Solidarités. Gaulliste et proche de Dominique de Villepin et de Jean-Pierre Raffarin, elle avait été nommée deux fois secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées, en 2004 et 2005. De son côté, Bruno Le Maire, ex-villepiniste, conserve son poste de ministre de l’Agriculture.