Le remaniement attendu a viré à la confusion mercredi au sein du gouvernement. Tout a commencé mardi soir lorsque Christine Lagarde a été désignée comme nouvelle directrice générale du FMI. Dans la foulée, le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec son Premier ministre François Fillon. Le Conseil des ministres s'est tenu mercredi à 10 heures à l'Elysée, le dernier auquel participait Christine Lagarde. Le remaniement consécutif à son départ ne pourrait finalement être annoncé qu'en fin d'après-midi, après une soirée et une matinée de tensions et de rumeurs.
La colère de Baroin
Le ministre du Budget François Baroin semblait tenir la corde mercredi à la mi-journée pour rafler le prestigieux ministère de l'Economie, alors que les noms du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, étaient également cités.
François Baroin et Bruno Le Maire étaient en effet bien décidés à se battre pour le poste. Et leur amitié affichée encore récemment pourrait ne pas y survivre. Car leur duel est feutré mais sans merci. Ainsi, le premier nommé a été furieux d'apprendre que le second avait tenté mardi de profiter de l'hostilité du Premier ministre à l'égard de la nomination de Valérie Pécresse pour se proposer à nouveau.
Le Maire refuse le Budget
François Baroin, très en colère, a alors filé à Matignon après les questions au gouvernement. Et il a menacé de démissionner si son collègue de l'Agriculture emportait le morceau. Finalement, le ministère du Budget a été proposé à Bruno Le Maire, qui a décliné l'offre. "Il a refusé le Budget hier soir et dit qu'il préférait rester à l'Agriculture", a-t-on déclaré à Reuters de source gouvernementale.
Si ce scénario se concrétisait, Valérie Pécresse pourrait prendre le ministère du Budget, et éventuellement la fonction de porte-parole, et serait remplacée à l'Enseignement supérieur par le secrétaire général adjoint de l'UMP, le centriste Marc-Philippe Daubresse, ou l'actuel ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, selon des sources proches du gouvernement et de l'UMP.
Pour éviter les questions de la presse, François Baroin a lui-même sèchement écourté mercredi matin le traditionnel compte-rendu du Conseil des ministres en indiquant qu'il ne ferait "aucun commentaire sur une décision qui dépend du président de la République et du Premier ministre".
Des centristes au gouvernement
A dix mois de la présidentielle, le chef de l'Etat pourrait en effet profiter de ce remodelage imposé pour faire entrer des centristes au gouvernement, afin de perturber les velléités de candidature à la présidentielle de son ex-ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Les portefeuilles des Anciens Combattants, actuellement assumé par le ministre de la Défense Gérard Longuet, et de la Fonction publique, vacant depuis la démission de Georges Tron, sont à pourvoir. Parmi les candidats cités figurent le numéro 2 du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean Leonetti, qui a coupé les ponts avec Jean-Louis Borloo, ou le vice-président UMP de l'Assemblée Marc Laffineur.
Une chose est sûre, ce nom sera annoncé avec discrétion. Cette fois, pas d’intervention télévisée solennelle du président, comme en février dernier, ni d’annonce devant l’Elysée, comme en novembre 2010. Des dispositions ont été prises pour que ce mini-remaniement soit annoncé par voie de communiqué.
Si le gouvernement est aussi pressé, c’est que François Fillon doit quitter Paris mercredi soir pour un déplacement au Cambodge et en Indonésie dont il ne doit pas rentrer avant dimanche soir. Ce qui repousserait l’annonce des changements à lundi. Or, les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce week-end parler du plan d’aide à la Grèce.